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Sécurité sismique : ce que révèle le conflit entre ingénieurs et architectes

Sécurité sismique : ce que révèle le conflit entre ingénieurs et architectes

Le feuilleton de la querelle entre les syndicats des architectes et celui des ingénieurs en génie civil se poursuit, avec comme enjeux l’accès aux marchés publics et la sécurité sismique des immeubles en Algérie.

La polémique a été relancée par la publication d’une note, datée du 19 février, émanant du secrétariat général du ministère de l’Habitat, de l’Urbanisme et de la Ville portant sur la participation aux concours de réalisation des équipements publics.

Dans sa note qui a été partagée sur les réseaux sociaux, le secrétariat général du ministère de tutelle annonce la publication d’une sorte de cahier de charge type pour la réalisation des équipements publics (écoles primaires, collèges, lycées, polycliniques et sûretés urbaines).

Dans les termes de références publiés par le ministère, c’est l’article 3 qui suscite la grogne chez les ingénieurs en génie civil.

Le syndicat national des ingénieurs en génie civil a réagi ce lundi 27 février à travers un communiqué pour protester contre le contenu des termes de référence qui « exclut les bureaux d’ingénieurs en génie civil privés », selon Zakia Alouane, porte-parole du syndicat contactée par TSA ce lundi 27 février.

L’article 3 en question qui porte sur l’éligibilité des candidats dispose que « le concours d’architecture restreint, s’adresse aux architectes seuls, ou en groupement ainsi qu’aux bureaux d’études présentant les capacités professionnelles, techniques et financières ».

Pour la responsable du syndicat des ingénieurs en génie civil, « déjà l’appellation prête à confusion ». « Le nom « concours d’architecture restreint » n’existe pas en tant que tel pour ces projets. L’appellation n’est pas conforme à la réglementation des marchés publics », ajoute-t-elle.

Ainsi, les architectes peuvent postuler seuls ou en groupement. L’article ne les oblige pas à le faire en groupement avec un bureau d’études d’ingénieurs en génie civil. C’est d’ailleurs ce que rejette le syndicat de ces derniers.

« En leur permettant de postuler seuls sans les obliger à le faire en groupement, cela mène à l’exclusion des bureaux d’ingénieurs en génie civil agréés. Nous sommes les seuls exclus puisque les bureaux d’études publics sont éligibles », regrette Zakia Alouane.

Sécurité sismique en Algérie : les ingénieurs génie civil incontournables  

Et d’ajouter : « Les architectes vont postuler seuls en ayant recours à un ingénieur en génie civil au noir pour leur délivrer l’étude qui prend la forme d’un simple document administratif. Ce qui est grave, c’est que cela se fait avec l’aval de la tutelle et au détriment de la loi ».

Les ingénieurs en génie civil comptent bien faire entendre leur voix. Une action de protestation est prévue pour le 19 mars prochain devant le siège du Premier ministère à Alger, peut-on lire dans un communiqué du syndicat des ingénieurs agréés publié ce lundi sur Facebook.

Le syndicat des ingénieurs génie civil appelle dans son communiqué le président de la République Abdelmadjid Tebboune à intervenir pour leur rendre justice. Le Premier ministre est également appelé à « protéger les ingénieurs ». Le ministre de la Justice est lui appelé à intervenir pour mettre fin au piétinement de 60 décisions de justice favorables aux ingénieurs agréés.

Outre l’accès aux marchés publics, le conflit entre les ingénieurs génie civils et les architectes pose aussi la question de la sécurité sismique des immeubles en Algérie. Les études de structures et leur résistance en cas de séisme doivent être réalisées par des ingénieurs génie civil.

« Dans le conflit entre les ingénieurs et les architectes, il n’y a pas que l’aspect relatif à l’accès aux marchés publics. Il y a surtout la sécurité sismique des immeubles construits en Algérie. Les études sismiques sont complexes et difficiles. Elles doivent être réalisées par les ingénieurs en génie civil », explique le fondateur d’un bureau d’études en génie civil.

Ce dernier pointe le véritable problème qui se pose dans les études des constructions en Algérie. « Les architectes prennent les marchés et sous-traitent ensuite les études sismiques et les calculs des structures aux ingénieurs en génie civil alors que cette partie, vue son importance et sa consistance, doit faire l’objet d’un marché à part. Les architectes ne sont pas qualifiés pour faire ce genre d’études tout comme les ingénieurs génie civil ne le sont pas pour tout ce qui est lié à l’architecture d’un immeuble », développe-t-il.

En faisant des bureaux d’architecture des maîtres d’ouvrage délégués, le gouvernement ne favorise pas l’émergence de grands bureaux d’études en génie civil et maintient dans la précarité toute une profession dont le rôle est pourtant vital dans la sécurité sismique des immeubles en Algérie.

 « Quand les architectes prennent des projets publics, ils ne donnent que des miettes aux ingénieurs génie civil, ce qui est inacceptable et dangereux. Les ingénieurs doivent être associés pleinement et obligatoirement à toutes les études d’immeubles ou de maisons, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui », ajoute-t-il.

Sur le terrain, le constat est amer. Des maisons de plusieurs étages sont construites par des particuliers sans aucune intervention de l’ingénieur génie civil qui est pourtant le plus compétent pour concevoir des structures capables de résister à des séismes d’autant que le nord de l’Algérie est un pays sismique.

En cas de séisme, les maisons des particuliers sont aussi exposées que les immeubles de grande hauteur. Parfois, elles sont plus vulnérables parce qu’elles ont été construites sans la participation d’un ingénieur en génie civil.

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