Seddik Chihab, porte-parole du RND, a expliqué, ce mercredi 13 février, le choix de son parti de soutenir la candidature du président Bouteflika pour un cinquième mandat.
« Bouteflika n’est pas un homme ordinaire. Il faut le dire. C’est un moudjahid qui a consacré sa vie à la libération du pays, c’est quelqu’un qui a consacré sa jeunesse à la diplomatie algérienne, il a un carnet d’adresses extraordinaire, il a du respect. Même durant sa traversée du désert, il était resté très connecté à l’international et tout cela lui confère une stature et une dimension qu’il met aujourd’hui au profit de l’Algérie », a-t-il détaillé sur TSA Direct.
Chihab est persuadé que même l’état de santé du président ne devrait pas l’empêcher de « continuer son œuvre ».
« Le président a reconnu avec beaucoup de courage et de dignité qu’il est amoindri, qu’il n’a plus la santé d’avant. Il a cassé un tabou en 2014 en sortant devant les Algériens sur une chaise roulante. Ceci dit, on n’a pas remarqué que son état de santé l’empêchait d’accomplir ses missions constitutionnelles. Il a toujours répondu présent, il est là, il contrôle et il décide. Je pense que c’est ce qui est demandé à un président de la République », soutient le numéro 2 du RND, qui revient longuement sur le concept de « continuité ».
« Tous les chantiers lancés par le président durant ses mandats précédents ont créé une sorte de plateforme pour que l’Algérie puisse décoller. Bien sûr, il y avait des manquements et quelques problèmes, comme la bureaucratie, la corruption, les résistances au changement, les luttes internes (…). Il y a des choses qui doivent donc être achevées et d’autres qui ont besoin d’être approfondies. Il l’a dit dans sa lettre programme, c’est essayer de développer une autre approche. Ce n’est pas un aveu d’échec, il dit juste : ‘Voilà ce à quoi je vais m’atteler si vous me faites confiance’ », explique-t-il.
Évoquant la conférence nationale contenue justement dans la lettre-programme du chef de l’État, Chihab dit que c’est « une tradition » chez les chefs d’État algériens et qu’il s’agit d’une bonne chose qu’elle soit parrainée par le président : « Il y a eu tellement de propositions qu’on s’est demandé si tout cela était sérieux. Mais au RND on s’est dit que cela veut dire que la société politique est en activité, réfléchit, essaye d’avancer des propositions, ça prouve que le sort de l’Algérie intéresse tout le monde. Maintenant, que le président ait pris cela à son compte dans le cas où il serait réélu, c’est encore meilleur, parce qu’elle a plus de chances d’aboutir ».
À propos de ceux qui redoutent des dérapages à l’occasion du scrutin, Seddik Chihab dira : « Nous avons tous des craintes et c’est normal. Ce serait irresponsable de ne pas avoir des craintes. Nous vivons dans un environnement hostile, nous déployons beaucoup d’efforts pour préserver notre sécurité et notre souveraineté. Maintenant, tous ces gens qui s’expriment parfois d’une façon correcte, parfois d’une façon exagérée et parfois d’une façon qui n’a pas de sens, on le met sur le compte de la campagne électorale ».
Le mot rupture, Seddik Chihab le trouve « cool » mais ne semble pas trop l’aimer. « Parfois on annonce des concepts, des principes mal définis. Rupture avec quoi ? L’Algérie est un grand pays, il a des valeurs quoi qu’on dise. Le changement est souhaité par tout le monde mais un changement progressif. Nous, on est pour la continuité, qui ne veut pas dire stagnation. Aujourd’hui, parler de rupture, ça fait cool, ça fait branché, mais ça ne travaille pas l’intérêt de l’Algérie. Les Algériens ont besoin de gens qui les rassurent. Ceux qui parlent de rupture doivent comprendre ce que c’est la réalité du terrain. Ce que c’est la difficulté de gérer un pays. Ceux qui parlent de rupture doivent se mettre au diapason de la réalité socio-politique du pays », tranche-t-il.
Ali Ghediri ? « Il n’y a pas que lui. Ali Ghediri est un homme respectable. C’est un brillant officier supérieur de l’armée nationale, il doit avoir beaucoup de valeur, je pense que c’est un homme courageux et un homme de conviction. On est très content qu’il ait investi la scène politique, cependant, et je ne parle pas de lui précisément, la réalité est ce qu’elle est ».
Côté dissensions, Chihab réagit d’abord à la polémique entre Ahmed Ouyahia et le ministre de la Justice Tayeb Louh. « Ça, ce n’est pas l’État. Lorsque quelqu’un fait du bien, il le fait au nom de l’État, lorsqu’il fait du mal, il le fait en son nom personnel. Chacun est motivé par ses propres impulsions. Nous avons déjà eu des cas pareils, la grenouille qui se prend pour un bœuf. Il y a beaucoup d’exemples dans l’Algérie indépendante où parfois les gens se surestiment », estime le porte-parole du RND.
Mais M. Ouyahia s’est lui-même plaint publiquement des agissements du FLN. Chihab répond : « Il s’est plaint dans un cadre précis, en s’adressant à l’instance dirigeante du RND. M. Ouyahia a la culture de l’État. Il ne mélange pas entre ses activités partisanes avec ses fonctions de Premier ministre. Il n’aime pas descendre à un certain niveau (…) Si Ahmed dérange par son sérieux ».
En tout cas, « Ouyahia n’est pas obnubilé par la présidence », assure son plus proche collaborateur.