La démission du président Abdelaziz Bouteflika est intervenue, selon Seddik Chiheb, porte-parole du RND, après une gestation difficile.
« Il y a eu de l’entêtement à la Présidence de la République en ignorant les revendications populaires. On est arrivé à un bras de fer entre la Présidence de la République et l’institution militaire. Nous n’avons jamais vu cela depuis l’indépendance de l’Algérie. Nous sommes passés par des périodes difficiles mais jamais le conflit n’a atteint ce niveau. Heureusement que le président a accepté de démissionner (…) Les Algériens ont montré qu’ils ne sont pas moins intelligents ou moins civilisés que les autres peuples », a-t-il déclaré à TSA Direct, ce mercredi 3 avril 2019.
« Il y avait une volonté dans l’entourage du président de résister. Il était prêt à pousser le pays vers un tourbillon. Je tends à penser qu’on voulait pratiquer la politique de la terre brûlée », a-t-il insisté en faisant allusion à Said Bouteflika.
Il a rappelé avoir dit qu’une « force extra constitutionnelles, non organisée » contrôle les commandes du pouvoir en Algérie. « Cette force existe dans l’entourage du président de la République. Le jeune frère du président (Said Bouteflika) dirige cette force d’une manière maîtrisée », a-t-il précisé.
« Ouyahia n’est pas un politique »
« Les militants du RND et même les partis de l’Alliance ne croyaient pas du tout au 5ème mandat à Bouteflika. Nous étions tous dans une galaxie, quand un météorite lui échappe il éclate à une certaine distance. Entre la conviction et l’engagement, il y a un champ de manœuvre assez large. Nous étions soumis à des pressions. A l’intérieur du RND, j’ai dénoncé le fait que nos mains étaient ligotées. A plusieurs reprises, nous n’avions pas le courage de nous défaire de nos engagements. Nous étions restés attachés à la fidélité naïve qui n’a pas de place dans l’action politique », a-t-il dit.
Ahmed Ouyahia, secrétaire général du RND, était, selon lui, était plus ligoté que les autres. « Sa position au sein de l’appareil exécutif, sa formation et son éducation au sein du système l’obligent à rester plus engagés. Pour lui et pour nous, l’Etat est une ligne rouge. Nous avons la culture de l’Etat, pas celle du régime ou du système (…) Il s’est avéré qu’en 56 ans nous n’avons pas construit un Etat sérieux», a-t-il souligné.
Et d’ajouter : « Ouyahia a été victime de sa naïveté. Il s’agit de circonstance atténuantes que je lui trouve(…) Ceux qui ont été formés dans l’administration et pour l’administration, il ne peut être que des administrateurs ».
Ahmed Ouyahia est-il un bureaucrate ? « Je pense que oui. Il n’est pas un politique », a-t-il répondu. Selon Seddik Chiheb, Ahmed Ouyahia n’a pas informé ses collaborateurs avant la publication d’un communiqué appelant le président Bouteflika à démissionner.