Le président français Emmanuel Macron a évoqué ce vendredi 2 octobre la guerre d’Algérie lors de la présentation de son plan contre le « séparatisme » islamiste en France
« Nous sommes un pays qui a un passé colonial (…) qui a des traumatismes qui n’a toujours pas réglé, avec des faits qui sont fondateurs dans notre psyché collective, dans notre projet, dans notre manière de nous voir. La guerre d’Algérie en fait partie », a déclaré Emmanuel Macron dans un discours prononcé à l’hôtel de ville des Mureaux dans les Yvelines dans l’Île-de-France.
https://publish.twitter.com/?query=https%3A%2F%2Ftwitter.com%2FBFMTV%2Fstatus%2F1311957496693694472&widget=Tweet
Le président Macron a ensuite expliqué comment le passé colonial de la France influence une partie de la population française issue de l’immigration maghrébine et subsaharienne.
« Au fond, toute cette période (coloniale) de cette histoire est revenue comme à rebours parce que nous n’avons jamais déplié les choses nous-mêmes. Nous voyons des enfants de la République (…) de citoyens issus de l’immigration venue du Maghreb, de l’Afrique subsaharienne, revisiter leur identité par un discours postcolonial et anticolonial », a-t-il dit.
Emmanuel Macron estime que son pays a une part de responsabilité dans le fait que « des enfants de la République » adoptent ce discours anticolonial. « Nous voyons des enfants dans la République qui n’ont jamais connu la colonisation (…) mais qui tombent dans le piège méthodique de certains autres qui utilisent ce discours, cette forme de haine de soi que la République devrait nourrir elle-même mais aussi de tabous que nous avons-nous même entretenus », a-t-il soutenu.
Le 24 juillet, le président Macron avait reçu l’histoire Benjamin Stora pour lui confier une « mission sur la colonisation et la guerre d’Algérie » dont l’objectif est de favoriser « la réconciliation » entre les deux peuples, algérien et français.
« M. Stora doit rendre son travail avant la fin de l’année, et sa mission « permettra de dresser un état des lieux juste et précis du chemin accompli en France sur la mémoire de la colonisation et de la guerre d’Algérie, ainsi que du regard porté sur ces enjeux de part et d’autre de la Méditerranée », avait précisé la présidence française dans un communiqué.
Ce n’est pas la première fois que le président français évoque la guerre d’Algérie. En janvier dernier, Emmanuel Macron l’avait comparé à l’holocauste, le génocide juif commis par l’Allemagne nazie durant la Seconde guerre mondiale.
« Je suis très lucide sur les défis que j’ai devant moi d’un point de vue mémoriel et qui sont politiques. La guerre d’Algérie, sans doute, est le plus dramatique d’entre eux. […] Je le sais depuis ma campagne » présidentielle de 2017, avait déclaré M. Macron à des journalistes, en référence à la polémique qui a éclaté en France lorsqu’il avait qualifié la colonisation de « crime contre l’humanité ».
En février 2017, en visite à Alger, Macron alors candidat à la présidentielle française avait qualifié la colonisation de « crime contre l’humanité », une première pour un homme politique français.
Sur la lutte contre le « séparatisme islamiste » en France, Emmanuel Macron s’est montré offensif. « Ce à quoi nous devons nous attaquer, c’est le séparatisme islamiste« , a-t-il dit d’emblée dans son discours, avant de charger l’islamisme radical. « Il y a dans cet islamisme radical, puisque c’est le cœur du sujet (…), une volonté revendiquée d’afficher une organisation méthodique pour contrevenir aux lois de la République et créer un ordre parallèle d’autres valeurs, développer une autre organisation de la société« , a-t-il soutenu.
Toutefois, le président Macron a appelé à ne pas stigmatiser les musulmans, alors que les attaques contre ces derniers se multiplient en France. « Ne nous laissons pas tomber dans le piège de l’amalgame tendu par les polémistes et les extrêmes qui consisterait à stigmatiser tous les musulmans« , a-t-il plaidé.
Pour lutter contre ce qu’il appelle le « séparatisme islamiste », le président Macron a annoncé une série de mesures qui seront présentées en forme de projet de loi le 9 décembre prochain. Parmi ces mesures figurent la limitation de l’école à domicile à partir de 2021, enseigner davantage l’arabe à l’école, le développement des études islamiques de haut niveau à l’université, former les imams en France.