Dar Lefchouche est l’une des belles surprises cathodiques de ce Ramadan 2023. Cette nouvelle série de Djaffar Gacem, diffusée sur Samira TV, en 20 épisodes, raconte le quotidien d’une famille bourgeoise algérienne.
Entourée d’une armée d’employés de maison attentive à leurs moindres desiderata (gouvernante, chef cuistot, jardinier, femme de chambre, serveuse…) les Fechouche habitent une villa cossue, bordée d’un magnifique jardin.
Une famille de la haute société qui veille jalousement sur les traditions, us et coutumes algériennes. Des valeurs incarnées par Lalla Z’hor (Samia Meziane), la maîtresse de maison, sévère, ferme, mais avec un cœur d’or.
Lalla Z’hor mène son petit monde à la baguette et ne badine pas avec le sens des valeurs. La famille Fechouche vit dans un luxe tapageur : Si El Mahi (Athmane Bendaoud) possède plusieurs usines qui engrangent d’énormes bénéfices.
Dès le premier épisode, un tsunami déferle sur la famille. Lahlou (Merouane Guerouabi), le neveu de Si El Mahi débarque à Dar Lefchouche. Il est l’héritier de la fortune des Fachouche mais n’en a cure.
Lahlou déboule avec ses gros sabots. Pas de chichi, pas de manières empruntées. Il a l’esprit ”houmiste’ et un comportement rustre qui dénote avec ce milieu bourgeois.
Le jeune homme travaille dans une gargote où tout le monde l’appelle Garantino. Avec son côté boute-en-train, ses bêtises et son côté ”je- m’en-foutiste” il va provoquer une jolie pagaille dans cette famille guindée et maniérée.
Ce trublion qui vient d’un quartier populaire n’a pas les codes de la haute société, mais un grand cœur puisqu’il trouve toujours des solutions aux problèmes de sa famille d’adoption.
Dar Lefchouche a révélé de nouvelle têtes. Djafar Gacem a déniché de jeunes talents, comme Romaissa Ghazali (Zineb, la benjamine), Asma Mahdjane (Nerdjess, la cadette), Nesrine Amrouche (Fadéla, l’ainée); les filles du couple Lalla Z’hor et Si El Mahi.
A noter le retour de Hichem Mesbah, dans la peau d’un grand chef cuistot. Chaque jour, il concocte des petits plats raffinés, sans jamais omettre la touche finale ”chouia zit zitoun” (un filet d’huile d’olive).
La gouvernante a un faux-air de l’actrice espagnole Rossy de Palma. Son œil vrille dès qu’elle est en colère. Ce qui arrive souvent. L’Menouar, le vieux jardinier, la poursuit de ses assiduités. Il lui court sur le haricot et elle n’hésite pas à l’envoyer sur les roses.
La série a été tournée à Bouchaoui (Alger), dans l’ancienne demeure du colon Borgeaud. Djaffar Gacem nous a révélé qu’il a fallu trois mois pour remettre à neuf cette villa coloniale. « Elle était complètement à l’abandon, avec des infiltrations d’eau de partout et des volatiles qui y avaient élu domicile. »
Dans l’entretien qu’il nous a accordé, le réalisateur Djaffar Gacem nous a révélé quelques secrets de tournages, des informations que vous ne lirez nulle part ailleurs.
Djafar Gacem : « Le rôle du réalisateur est d’offrir du rêve… »
TSA : Avec Dar Lefchouche, première saison, vous explorez un nouveau genre. Qu’est-ce qui vous a inspiré ce projet ?
Djaffar Gacem : Pour cette nouvelle production télé, je me suis inspiré principalement de deux séries américaines ”La chronique des Bridgerton” et ”Le Prince de Bel-Air”.
J’ai voulu créer une famille bourgeoise algérienne en forçant le trait et en exagérant les situations afin de rendre la série plus drôle. La famille Fechouche est entourée d’une armée de domestiques.
Elle vit dans un univers luxueux. C’est une famille qui est très riche mais qui reste attachée à nos us et coutumes. Je pense que c’est le rôle du réalisateur d’offrir du rêve aux téléspectateurs. Le luxe, le clinquant, le mobilier chic, les costumes de rêve, tout est là !
TSA : Les téléspectateurs ont découvert de nouveaux visages dans cette série. Comment s’est effectué le casting ?
Djaffar Gacem : J’ai auditionné de nombreux jeunes acteurs dont c’était la première participation dans une production télévisuelle.
Il y a un gisement de pépites qui ne demande qu’à être exploité. Les trois filles du couple Lefchouche, le styliste, le faux-pilote ont été découvertes.
Ma démarche était de faire côtoyer les comédiens confirmés (comme Athmane Bendaoud, Samia Meziane, Hichem Mesbah) avec des débutants afin de leur donner leur chance et de les encourager.
TSA : Samia Meziane (Lalla Z’hor) est l’un des personnages clés de cette série. Comment avez-vous pensé à elle pour ce rôle ?
Djaffar Gacem : En écrivant ce rôle, mon instinct m’a guidé vers cette comédienne. Samia Meziane avait un peu d’appréhension au début craignant de ne pas être à la hauteur du rôle de Lalla Z’hor, la maîtresse de maison ”moulat Eddar”. Finalement, elle a été au top.
En digne héritière de ses parents : Sid Ahmed Agoumi et de Sonia, elle a prouvé qu’elle est une enfant de la balle. L’épouse de Khaled Benaïssa a assuré.
Je vous livre un scoop. Dans la série, ce n’est pas elle qui chante. On a fait appel à Lamia Aït Amara, chanteuse de musique andalouse pour doubler sa voix !
TSA : Merouane Guerouabi (Lahlou) a eu un rôle décalé dans cette série. Le choix de ce personnage comique était stratégique…
Djaffar Gacem : Absolument ! Il symbolise le décalage entre deux mondes. Lui vient d’un univers populaire. Il est l’héritier de cette famille riche, mais il s’en fiche un peu.
Il continue à se lever tous les matins pour aller travailler dans une gargote. Lahlou met de la légèreté et de la gaieté dans cette famille bourgeoise, un peu guindée.
Il dédramatise les situations et apporte son aide quand il y a des problèmes. Lorsque la famille se retrouve sur la paille à cause des mauvais investissements de son oncle, il apporte des sandwichs à la famille…
TSA : Comment avez-vous choisi le lieu de tournage ?
Djaffar Gacem : C’est la villa de l’ancien colon Borgeaud (actuellement Bouchaoui). Le jardin était en friche et la maison complètement à l’abandon. Nos équipes ont dû travailler pendant 3 mois pour la remettre à neuf, du sol au plafond.
Puis on a commencé à chiner les meubles d’époque chez les brocanteurs. Rien n’a été laissé au hasard. Des costumes à la vaisselle en passant par le mobilier, Dar Lefchouche devait renvoyer l’image d’une villa cossue.
Nous avions un top-chef qui préparait des plats raffinés. Ils étaient très beaux visuellement (stylisme culinaire) mais pas toujours comestibles (ha ha ha !)
TSA : Combien de temps l’écriture et le tournage de cette série ont-ils nécessité ? Dar Lefchouche connaîtra-t-elle une saison 2 ?
Djaffar Gacem : L’écriture du scénario a duré 6 mois, la préparation du lieu de tournage (réparations, décorations…) a pris 3 mois, et autant pour le tournage. Rendez-vous est pris avec les téléspectateurs pour la saison 2 de Dar Lefchouche !
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