L’ancien chef du gouvernement, Sid Ahmed Ghozali a plaidé jeudi en faveur d’une « union sacrée du peuple algérien » face aux défis auxquels est confronté l’Algérie dans un monde perturbé et en plein bouleversement.
Invité du forum du quotidien « El Moudjahid », à l’occasion de la double célébration de la création de l’UGTA et de la nationalisation des hydrocarbures, Sid Ahmed Ghozali, 86 ans, a estimé que l’ « esprit » qui avait animé les acteurs de la nationalisation des hydrocarbures doit être perpétué.
« La leçon à tirer du 24 février, ce n’est pas de refaire ce qu’on a fait, car les conditions étaient très différentes, les modalités techniques changeant avec le temps, mais l’esprit doit rester », a soutenu cet ingénieur de l’École des ponts des chaussées de Paris qui a été PDG de Sonatrach (1966-1977), ministres des Affaires étrangères (1989-1991), de l’Énergie (1977-1979), des Finances (1988-1989), de l’Hydraulique (1979-1980), ambassadeur d’Algérie à Paris (1992-1994) et à Bruxelles (1984-1988).
Sid Ahmed Ghozali a dirigé le gouvernement entre le 5 juin 1991 et le 8 juillet 1992. Pendant cette période, il a géré le ministère de l’Économie. Il a été candidat à deux reprises aux élections présidentielles en 1999 et en 2004.
Une occasion pour lui de mettre en évidence la nécessité d’une ouverture en direction de la société appelée à être « bien éclairée sur les enjeux » de l’heure, autant économiques que politiques, particulièrement dans ce contexte où l’Algérie est exposée à des menaces.
« À l’évidence, les prérogatives relèvent des décideurs, mais le service pour l’intérêt général, c’est aussi l’affaire de la société civile et il y a l’éclairage de l’opinion. Aucun gouvernement, ni pouvoir politique ne peuvent réussir sans la participation de la société », a-t-il prévenu.
Sid Ahmed Ghozali : la société « ne marche pas avec la matraque »
Selon lui, la société « ne marche pas avec la matraque, mais avec sa capacité à voir le lien entre les intérêts individuels et ceux de la communauté ». « J’appelle le peuple algérien à l’union sacrée. Le moment est venu pour un vrai non-alignement ; nous n’avons pas à nous embrouiller ni avec les États-Unis, ni avec la Russie, ni avec la Chine. On doit utiliser l’équilibre des forces pour assurer la stabilité et l’ordre dans le monde entier », a-t-il plaidé.
Concernant les menaces extérieures qui guettent l’Algérie, il soutient qu’aucune puissance, y compris les États-Unis, ne peuvent « faire quelque chose contre un peuple uni derrière son armée ».
Convaincu de la nécessité de l’établissement de la « confiance entre le pouvoir et la société », Sid Ahmed Ghozali a insisté sur l’amélioration de la gouvernance, notamment le renforcement de la justice.
« Les instruments de la gouvernance sont : la justice, la sécurité, l’éducation et la régulation économique. Sans ces instruments, il est impossible d’avancer », a-t-il dit. « Et rien n’est possible sans justice […] On peut parler de la liberté d’expression, de la propriété privée… etc, mais qui les garantit ? », a-t-il interrogé, avant de répondre : « La justice. Il faut un pacte avec la justice pour mettre les juges à l’abri des besoins économiques », recommande-t-il. Pour l’ex-chef du gouvernement, le principal enjeu est « l’État de droit ».
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