L’introduction de l’anglais au primaire en Algérie y est certainement pour quelque chose ! Au Salon du livre d’Alger, les livres en anglais sont présents en force.
Romans, nouvelles, parascolaires, manuels d’apprentissage, les livres en anglais ont la cote chez les visiteurs de la 26e édition du Salon du livre d’Alger (SILA) qui se tient à la Safex aux Pins Maritimes à l’est de la capitale (26 octobre – 5 novembre).
Les livres en anglais font partie de leurs listes d’achat. Nous avons été à la rencontre des éditeurs et des clients. La tendance est confirmée. Tout le monde dit ‘Yes’ ! Les ouvrages en anglais ont vraiment le vent en poupe.
L’introduction de la langue anglaise au cycle primaire en Algérie depuis l’année scolaire 2022-2023 y est certainement pour quelque chose ! Les parents sont à l’affût de ce genre des manuels parascolaires pour faciliter l’apprentissage de la langue de Shakespeare à leurs enfants.
Les 14-23 ans ne sont pas en reste. Biberonnés aux feuilletons américains et aux chaînes de télévision étrangères comme MBC Action, ils entendent parler cette langue sur le bout des doigts afin de rester connecter au reste du monde.
Au stand de la librairie « Tous contes lus », deux étudiantes jettent leur dévolu sur Harry Potter de J.K. Rowling, mais dans sa version originale please ! C’est-à-dire en anglais. « Nous sommes en licence de langues étrangères à l’Université Bouzareah et nous achetons régulièrement des livres en anglais. L’offre n’est pas toujours présente partout alors nous profitons du SILA pour essayer de trouver notre bonheur », explique l’une d’entre elle.
Spécialisée dans le livre pour enfants, cette librairie ouverte récemment à Draria dans l’ouest d’Alger, a vu le vent tourner. « Les parents sont à la recherche d’ouvrages en anglais pour aider leur progéniture à bien l’assimiler », nous confie Cherazed Bouhadi, la jeune patronne.
Elle ajoute que les adolescents qui « nous sollicitent ont un bon niveau en anglais. Ils le lisent et le parlent couramment, souvent mieux que le français d’ailleurs. Depuis le début du SILA, la collection de Harry Potter, qui compte 7 volumes, s’écoule comme des petits pains. Je commercialise également des contes et des manuels scientifiques en anglais. Ils trouvent preneurs chez les jeunes lecteurs. De nombreuses écoles proposent le « british curriculum » en plus du programme de l’éducation nationale. Un vrai créneau pour les libraires et les éditeurs qui ont souvent recours à l’importation pour achalander leurs étales ».
« La langue anglaise a un avenir certain en Algérie »
Au stand des éditions El Amel, les ouvrages en anglais sont disponibles. Un dictionnaire, un guide en linguistique, deux manuels de rédaction, des nouvelles (short stories) et un roman. Il y a même des affiches pédagogiques conçues par cette maison d’édition pour initier les tous petits à l’apprentissage de l’alphabet, des couleurs, des jours de la semaine…
« Notre maison d’édition a édité une dizaine de livres en anglais ainsi que des ouvrages parascolaires, nous apprend M’hand Siyoucef, éditeur. Des auteurs algériens commencent à écrire dans la langue de Shakespeare. La demande des lecteurs est là. Il s’agit de la nouvelle génération. Ils regardent les feuilletons américains en version originale et sont branchés sur les chaînes satellitaires qui diffusent leurs programmes en anglais. La décision du ministère de l’Education nationale d’introduire l’enseignement de l’anglais dès le primaire a renforcé cette tendance. La langue anglaise a un avenir certain en Algérie ».
Chez Berti Editions, la demande sur les manuels scolaires est forte, affirme Smail Gaci, commercial. « Les collégiens, lycéens et étudiants ont raflé nos manuels : English vocabulary et English writing. Ils sont très accros à l’anglais et veulent en maîtriser toutes les règles. Nous devons renouveler nos stocks avant la fin du SILA, tellement ça cartonne ! », avoue- t-il.
L’anglais va-t-il éclipser le français en Algérie ?
Les maisons d’édition étrangères présentes au Sila ont apporté dans leurs bagages des ouvrages écrits dans la langue de Shakespeare et elles n’ont pas eu à le regretter puisqu’elles enregistrent des ventes record. C’est le cas d’El Maktaba El Haditha (La librairie moderne), une maison d’édition libanaise.
La littérature anglaise est présente sur ce stand sous forme de roman de jeunesse : David Copperfield de Charles Dickens, Heidi de Johanna Spyri, The merry adventures of Robin Hood de Howard Pyle, « King solomon’s mines de Rider Haggard.
Vendus au prix de 500 dinars algériens, ces ouvrages trouvent très vite preneurs parmi les visiteurs du Sila. « Ces livres sont imprimés à Beyrouth », explique Merdas Farés, commercial. Lui aussi confirme la tendance : « Les parents achètent plus de livres en anglais à leurs enfants. Les mentalités ont changé. L’anglais prend doucement le pas sur la langue française ! Par ailleurs, les visiteurs qui arrivent de l’intérieur du pays ne cherchent que des ouvrages en anglais ! C’est vraiment dans l’air du temps ! ».
Cette maison d’édition libanaise propose également aux lecteurs en culotte courte, des contes écrits simultanément en anglais et en arabe (une page pour chaque langue) comme Les Aventures de Tom Sawyer (The adventures of Tom Sawyer de Mark Twain.
La langue anglaise a une place prépondérante chez les jeunes algériens. La nouvelle génération parle et lit couramment la langue de Shakespeare. Les éditeurs algériens devraient peut-être réfléchir à publier plus d’ouvrage en anglais, écrits par des écrivains algériens pour satisfaire la demande croissante de ces jeunes lecteurs.
SUR LE MEME SUJET :