L’Algérie est le pays de tous les paysages. En une journée, on peut passer des montagnes couvertes d’un manteau blanc au bleu de la Méditerranée puis aux sables dorés de déserts illimités, de forêts vertes et denses aux oasis enchanteresses du Sud. Un potentiel touristique inexploité. Un vrai paradoxe.
En février dernier, lors d’une rencontre avec les walis, le président de la République évoquait pour la première fois ce qu’il avait appelé « les zones d’ombre » et a promis de les tirer vers « la lumière » des commodités et des conditions de vie décentes.
Depuis, on parle beaucoup de ces quartiers et villages dépourvus de tout, de ce qui a été fait et de ce qui est projeté pour atténuer le calvaire de leurs habitants.
Il y aurait 15 000 « zones d’ombre » à travers le pays, habitées par 9 millions d’âmes, selon les statistiques officielles. Dans le document filmé réalisé par les services de la Présidence et diffusé dans la salle de conférences de Club des pins à la même occasion, on pouvait voir la face hideuse du pays, celle façonnée par l’œuvre des hommes, plutôt par ce qu’ils n’ont pas fait.
Le déficit de développement dans toutes les régions d’Algérie est une réalité indéniable, mais les bidonvilles, les décharges sauvages et les routes défoncées, ce n’est pas tout ce que l’Algérie a à offrir comme image.
L’Algérie, une diversité touristique presque unique
Elle dispose même d’une face sublime, celle dont la nature lui a dotée et qui ne demande qu’à être exploitée à bon escient. Devant le flux d’images et de constats négatifs, on oublie presque que l’Algérie, pays continent s’il en est, est aussi un vivier de sites pittoresques qui pourraient faire d’elle, sans trop d’efforts, une destination touristique mondiale.
Le développement des nouvelles technologies aidant, il n’est plus nécessaire de sillonner le pays pour s’en rendre compte. Au hasard d’une navigation sur le net, on tombe sur des endroits dont on ne pouvait soupçonner l’existence.
Comme le permettent ces images partagées sur les réseaux sociaux par le groupe public HTT (Hôtellerie, tourisme et thermalisme), le ministère du Tourisme ou encore l’Office national du tourisme (ONAT).
En quelques clics, on passe du blanc étincelant des monts sous la neige au bleu de la Méditerranée puis aux sables dorés de déserts illimités, de forêts vertes et denses aux oasis enchanteresses du Sud.
Sillonner l’Algérie est synonyme de dépaysement, et pas seulement pour les touristes venus de loin. En une journée, en quelques heures, on peut fuir les pluies torrentielles sur les côtes de Jijel ou de Skikda pour admirer les flocons de neige en Kabylie ou sur les Hauts-Plateaux à Sétif ou Batna, puis s’offrir un bain de soleil aux portes du Sahara, à Biskra et Laghouat.
Le monde foisonne de destinations touristiques, mais très peu offrent une telle diversité. L’Algérie, c’est le ski sur les hauteurs du Djurdjura, le tourisme balnéaire le long de 1200 kilomètres de côtes, le thermalisme, les randonnées dans le vaste désert du Sahara, les villes romaines en ruines, vestiges des sites préhistoriques, les gravures rupestres du Tassili et leurs mystères… Un trésor inestimable que l’Algérie s’amuse à cacher, ou du moins ne fait pas assez pour le faire connaître. C’est le paradoxe algérien.
Un vieux serpent de mer
La relance de l’activité touristique est devenue tel un serpent de mer. On en parle à chaque crise économique induite par le recul des recettes de pétrole, principale ressource du pays, pour ne plus l’évoquer dès que le spectre de la disette s’éloigne.
Le tourisme peut rapporter des devises, mais aussi créer des emplois et de la richesse dont l’Algérie a besoin pour se développer et diversifier son économie et ses sources de revenus.
Les exemples de pays qui ont réussi la substitution du tourisme à leurs ressources traditionnelles ne manquent pas. Près de chez nous, la Tunisie et le Maroc, qui ont nettement moins d’atouts, sont devenus des destinations incontournables pour une frange de touristes, notamment européens.
Les Émirats arabes unis ont pris leurs devants depuis au moins deux décennies dans la perspective du tarissement des ressources pétrolière et sont aujourd’hui une destination touristique mondiale.
L’Arabie saoudite, qui produit dix fois plus de pétrole que l’Algérie, est sur le point de leur emboîter le pas avec son projet de ville futuriste dont le coût prévisionnel serait, dit-on, de 500 milliards de dollars.
Les potentialités touristiques naturelles de ces deux pays du Golfe sont loin d’égaler celle de l’Algérie qui, curieusement, continue à confiner le secteur dans une gestion folklorique.
Une attitude d’autant plus incompréhensible que même les infrastructures existent et en nombre suffisant pour un démarrage en trombe, tant en hôtels, en stations thermales, balnéaires et de ski qu’en infrastructures de transport.
Il aurait suffi d’un petit effort de promotion et du réaménagement d’une législation désuète qui ne rend pas la vie facile tant aux investisseurs nationaux et étrangers qu’aux touristes qui sollicitent un visa. Un effort que le pays rechigne à consentir malgré sa situation économique précaire.
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