Le président Abdelmadjid Tebboune a justifié le dernier remaniement ministériel par sa volonté de relancer la machine économique dans un contexte marqué par une forte baisse des revenus issus des hydrocarbures.
L’Algérie a perdu 60 % de ses revenus pétroliers, a expliqué le chef de l’État, dans un entretien à paraître ce lundi 13 juillet dans le journal français L’Opinion. Mais il se montre optimiste : « Les réserves de change sont estimées à 58 milliards de dollars, sans oublier les apports annuels des hydrocarbures estimés cette année à 27 milliards de dollars, ce qui nous permet d’accomplir les réformes sereinement », a-t-il dit.
Tebboune affirme que l’Algérie a « combattu la grande corruption ». « La surfacturation nous coûtait des dizaines de milliards par an. Et nous avons réduit le train de vie de l’État et de ses entreprises publiques. Ces économies devraient représenter 20 à 21 milliards de dollars à la fin de l’année », a-t-il détaillé.
« Enfin, nous lançons de nouvelles productions comme l’exploitation du gisement de fer de Ghara Djbilat dans la wilaya de Tindouf et de zinc à Oued Amizour dans la wilaya de Bejaia, auxquels s’ajoutent d’autres gisements à l’étude. Cela nous permettra de réduire nos importations d’acier et d’autres produits dérivés mais aussi d’exporter de la matière première », a-t-il ajouté.
Privatisations ciblées
En plus des projets dans les mines, le chef de l’État veut relancer l’industrie pour réduire les importations dans plusieurs secteurs. « Dans la loi de finances complémentaire de 2020, nous avons autorisé l’importation d’usines de moins de cinq ans. Beaucoup d’unités de production sont en train de mettre la clé sous la porte en Europe. Elles peuvent avoir une seconde vie en Algérie. Notre objectif est de fabriquer des produits finis », a-t-il dit.
Selon lui, l’abrogation de la règle 51-49 va permettre d’attirer de nouveaux investissements étrangers. Le chef de l’État n’exclut pas des privatisations ciblées. « Nous étudierons, si nécessaire, l’ouverture du capital de certaines entreprises publiques », a-t-il dit, sans plus de précisions.
« Nous relançons aussi le port d’el-Hamdania, en banlieue d’Alger, en partenariat avec la Chine. Ce port permettra de ravitailler le pays et les pays enclavés d’Afrique. Nous prolongerons aussi notre chemin fer vers le Mali et le Niger pour offrir une voie alternative au transport par la route, via la trans-saharienne. Nous souhaitons développer la filière sidérurgie à travers la production de rails. La relance l’économie nous permettra d’accomplir les réformes politiques et démocratiques », a promis le président de la République.
« Pour rassurer les investisseurs, nous allons interdire toute réglementation d’une durée de vie de moins de dix ans car l’instabilité des réglementations a nui à l’essor des activités », a-t-il conclu.