Jil Jadid a célébré ce samedi 11 mars le 12e anniversaire de sa création. L’occasion pour son président Soufiane Djilali de faire le bilan et de dire son constat de la situation politique, économique et sociale en Algérie.
Dans un long discours prononcé à cette occasion, le président de Jil Jadid a évoqué l’ère du président Abdelaziz Bouteflika et la fin chaotique de son règne, le hirak, déclenché quelques piques en direction de ses adversaires et a évoqué la situation des libertés en Algérie.
Il explique qu’à la fin du troisième mandat de Bouteflika, l’Algérie avait à sa tête un « faire-valoir alors que des oligarques affamés et sans vergogne se mirent à décharner le pays. »
Soufiane Djilali : le hirak a sauvé l’Algérie
Pour Soufiane Djilali, c’est le hirak qui a sauvé l’Algérie. « Quelles que soient les tentatives de sa récupération, il aura permis à l’Algérie de se débarrasser d’un régime qui mettait en danger la nation », souligne le président de Jil Jadid, en rappelant l’engagement dans son parti sur la voie du « refus de la compromission » et pendant le hirak.
« Vous ne serez pas surpris si je vous disais que plus que jamais je reste convaincu, que c’est bien une forme de radicalisme naïf et entêté qui a relativisé le succès du Hirak. Je dis « relativisé le succès » car pour moi, il n’y a pas eu un échec mais un succès relatif », analyse Soufiane Djilali.
Soufiane Djilali rappelle que l’Algérie a « traversé une période extrêmement dangereuse dès 2013 alors que l’armée et les services de sécurité étaient fragilisés par des tensions internes qui avaient mené à des purges, parfois accompagnées d’arrestations de très hauts responsables. Si les institutions sécuritaires s’étaient divisées, nous aurions pu vivre une période cauchemardesque. »
S’il reste critique sur la gestion du pays après le hirak, Soufiane Djilali note qu’ « en ce début de 2023, nous pouvons dire que l’Algérie a retrouvé une cohérence interne suffisante pour affronter la suite des événements. Sous cet angle, l’Algérie revient de loin. »
Dans le registre des critiques, Soufiane Djilali déplore marginalisation des partis politiques en Algérie. « D’abord, la classe politique est en déshérence, et cela n’est pas bon. La scène politique a été vidée de sa substance. Les partis politiques sont considérés comme des entités inutiles sinon nuisibles. Pourtant, on ne peut pas construire une démocratie en étouffant les partis politiques. »
Soufiane Djilali estime que si des règles « claires » et « objectives » doivent réguler un apprentissage à la démocratie, soumettre les partis à des « règles tatillonnes » et à une « forme d’ostracisme » et de « marginalisation ne mèneront pas au consensus dont l’Algérie a besoin. »
Poursuivant son constat de la situation en Algérie, Soufiane Djilali estime qu’au plan des libertés, « l’ensemble de la société politique éprouve un malaise ».
« Si tous les patriotes comprennent que l’autorité de l’Etat doit être réinstaurée, il faut cependant reconnaitre une forme d’agitation désordonnée dans le recadrage de certains de nos concitoyens », ajoute-t-il.
Il avertit que « trop de pressions peuvent entrainer de la défiance, voire une forme de rébellion de la part de citoyens honnêtes. »
Soufiane Djilali estime qu’une « crise de confiance peut s’installer d’autant plus que les partis politiques, les syndicats et surtout les médias semblent paralysés. Seuls les agitateurs de l’étranger sont heureux de cette aubaine : le champ de l’opinion publique leur est libéré. »
Il déplore la situation des télévisions privées qui sont « retombés dans un conformisme digne des années 70 » et des sites internet d’information qui sont « toujours bloqués » !
Libertés en Algérie : la mise en garde de Soufiane Djilali
Soufiane Djilali ajoute que si les politiques et les médias perdent leur crédibilité alors il « n’y aura plus d’intermédiation entre les autorités et l’opinion nationale. »
Soufiane Djilali dit « insister en particulier sur le problème de la détention provisoire qui est mise en œuvre trop facilement et au détriment du justiciable alors qu’elle devrait être exceptionnelle. »
Dans son discours, Soufiane Djilali critique l’immobilisme du gouvernement qui a été « formé » et « reformé à plusieurs reprises mais ne semble pas embrayer sur le réel. »
« En dehors des objectifs présidentiels définis lors de la campagne électorale, le gouvernement ne semble pas apporter une quelconque plus-value et donne le sentiment d’être désarticulé devenant plus une source de blocage qu’un organe d’impulsion et d’initiative », pointe-t-il.
Au plan économique, Soufiane Djlilali souligne un « effort notable au plan macroéconomique pour rééquilibrer les fondamentaux économiques », et pour « maintenir le pouvoir d’achat avec des revalorisations des salaires et l’institution d’aides sociales. »
Toutefois, ajoute-t-il, au plan microéconomique, les « difficultés sont toujours là. Le consommateur se plaint des prix, l’inflation s’est emballée, étant en grande partie importée puisque notre production reste modeste. Des pénuries sporadiques se manifestent et la production nationale ne démarre pas sérieusement. La gestion du secteur productif ou marchand du secteur public reste médiocre. »
Soufiane Djilali estime que si le Président de la République « propose de grandes ambitions, en pratique nous avons souvent, dans l’exécutif, de la médiocrité, de l’incompétence et malheureusement encore beaucoup trop de corruption ! »