Les occidentaux ont-ils sifflé la fin de la partie pour le président Kais Saied et les changements qu’il apporte au dispositif institutionnel et politique tunisien depuis l’été dernier ?
Un communiqué conjoint de plusieurs chefs de mission diplomatique accrédités à Tunis le laissent penser.
Le communiqué a été rendu public le 10 décembre 2021- le choix de la date n’est peut-être pas fortuit, coïncidant avec la commémoration de la déclaration universelle des droits de l’homme- et signé par les chefs de mission des ambassades d’Allemagne, du Canada, des Etats-Unis, de France, d’Italie, du Japon, du Royaume-Uni, et de la Délégation de l’Union européenne en Tunisie.
Ils affirment soutenir « fermement le peuple tunisien dans son aspiration à une gouvernance efficace, démocratique et transparente ».
Le 26 juillet, le président Saeid avait pris une série de mesures considérées par une partie de l’opposition comme une remise en cause du processus démocratique né de la révolution de 2011. Il avait notamment suspendu les travaux du Parlement, levé l’immunité de ses membres et limogé le gouvernement. Ces décisions étaient accueillies jusque-là par une certaine prudence des grandes puissances.
« Alors que la Tunisie s’apprête à prendre des décisions souveraines en matière de réformes économiques, constitutionnelles et électorales, nous réaffirmons notre attachement au respect des libertés fondamentales de l’ensemble des Tunisiens », ont écrit les ambassadeurs des pays du G7 et de l’Union européenne.
Des partis et des organisations dénoncent
Ils ont exprimé leur attachement à un « processus politique inclusif et transparent, impliquant une large participation des forces politiques et sociales du pays, suivant un calendrier précis, pour permettre le retour rapide au fonctionnement des institutions démocratique, avec un Parlement élu jouant un rôle significatif ».
« Cela permettra de garantir un soutien large et durable aux progrès futurs de la Tunisie », ajoutent les diplomates occidentaux.
Depuis les décisions du 26 juillet, la Tunisie est entrée dans une phase d’instabilité politique. « Nous réaffirmons l’importance de la stabilité socio-économique du pays pour répondre aux attentes du peuple tunisien », ont-ils ajouté.
« Nous encourageons et nous nous tenons prêts à accompagner la mise en œuvre rapide des avancées nécessaires au redressement de la situation économique et financière de la Tunisie, y compris celles qui sont actuellement en cours de discussion avec des partenaires internationaux, afin de protéger les plus vulnérables, et de créer les bases d’une croissance durable et équitable », écrivent en outre les huit ambassadeurs qui disent se tenir « prêts à aider la Tunisie et son peuple à relever ces défis ».
L’intervention des ambassadeurs des pays du G7 et de l’Union européenne a provoqué une polémique en Tunisie « une tentative flagrante de ces pays d’imposer des groupes de corruption et de terrorisme qui ont massacré l’État et le peuple ces dernières années, tout au long de la voie politique tunisienne » « Ces groupes sont les meilleurs qui servent les intérêts de ces pays au détriment de la souveraineté de la Tunisie et des intérêts de son peuple », ont-ils ajouté.
Ce n’est pas la première fois que les ambassadeurs à Tunis des pays les plus industrialisés du monde se mêlent des affaires internes de la Tunisie. Début septembre, ils ont appelé Kaïs Saïed à “désigner un nouveau Chef du gouvernement dans les plus brefs délais », et à « ramener le pays dans le cadre constitutionnel qui accorde au Parlement un rôle de premier plan. Ils avaient appelé à un « retour rapide à un cadre constitutionnel dans lequel un parlement élu joue un rôle de premier plan.”
Moins d’un mois après, le président tunisien a nommé Najla Bouden au poste de chef du gouvernement en remplacement de Hichem Mechichi.