Tenir l’élection présidentielle dans les meilleurs délais. Cet objectif martelé depuis quelques jours par le pouvoir peut laisser penser que l’échéance électorale est proche. Dans les faits, le scrutin pourrait difficilement avoir lieu avant la fin du premier trimestre 2020.
La tenue de l’élection présidentielle dépend, en effet, en grande partie du processus de dialogue en cours, mené par l’Instance de Karim Younes. Or, selon nos informations, ce processus devrait durer entre deux et trois mois, si les choses se déroulent selon le calendrier prévisionnel de l’Instance.
L’équipe de Karim Younes, qui a déjà entamé ses consultations avec les personnalités nationales – elle a rencontré hier le colonel Youcef Khatib et le secrétaire général par intérim de l’Organisation nationale des Moudjahidin Mohand Ouamar Benelhadj – va lancer les discussions avec les partis politiques dès la semaine prochaine.
« Les invitations sont prêtes. Elles seront envoyées ce jeudi 15 août ou en début de semaine prochaine », explique une source proche de l’Instance.
Comme annoncé publiquement par Karim Younes, les partis de l’ex-alliance présidentielle, dont le FLN et le RND, ne seront pas associés au processus de dialogue. L’Instance espère, en revanche, pouvoir rencontrer les principales formations de l’opposition, y compris les partis qui militent en faveur d’une constituante, réunis au sein des Forces de l’alternative démocratique.
« Nous voulons rencontrer toutes les forces politiques, même celles qui ne partagent pas notre démarche. Le but est d’avoir le consensus le plus large autour des trois principales plates-formes proposées. Nous allons essayer de prendre ce qui est consensuelle et de proposer des passerelles entre ces différentes propositions. L’objectif est d’arriver un consensus le plus large pour aller vers l’élection présidentielle », explique notre source.
Pour mener ces consultations, un « comité de sages » sera installé samedi prochain. Ce comité regroupera des « personnalités » de différentes tendances qui devraient aider à faciliter les contacts avec les acteurs politiques de l’opposition.
Une fois les consultations avec les différents acteurs seront achevées, l’Instance de dialogue va élaborer une série de propositions et une plateforme finale qui seront remises à la présidence de la République.
En plus des recommandations issues des consultations, l’Instance devrait introduire l’idée d’un « président de transition » qui s’engagerait à n’effectuer qu’un seul mandat de cinq ans durant lequel il mènera toutes les réformes proposées dans la plateforme finale et une révision de la constitution.
Si les propositions de l’Instance sont acceptées, une haute instance indépendante de surveillance des élections serait créée, accompagnée d’un amendement de la loi électorale. Des initiatives qui nécessiteront un travail législatif de quelques semaines. Ce n’est qu’à l’issue de ce processus, qui s’achèverait en décembre dans les meilleurs des cas, que le corps électoral sera convoqué trois mois avant la date du scrutin, soit en mars prochain dans le meilleur des scénarios.