Promulgué officiellement en octobre 2016, l’arrêté ministériel fixant les modalités d’exploitation d’un service de taxi est resté lettre morte chez les « taxieurs ». Le texte en question prévoyait une série de mesures pour mettre de l’ordre dans cette activité.
Le conducteur de taxi doit « porter une tenue vestimentaire appropriée, se comporter avec respect et politesse avec les clients, afficher à bord de son véhicule, les tarifs en vigueur et les respecter », précise par exemple l’article 24 de l’arrêté.
Le conducteur de taxi ne doit pas « refuser ou choisir des courses lorsqu’il est libre, faire usage des moyens audio et audiovisuels sans l’assentiment des clients et fumer à bord du véhicule », note l’article 26.
Malgré les dispositions strictes de ce nouveau cahier des charges, les chauffeurs de taxi font toujours la pluie et le mauvais temps. À Alger, comme dans les autres villes d’Algérie, les « taxieurs » continuent à choisir eux-même leur itinéraire. « Ce n’est pas ma direction », répondent-ils souvent. Certains ignorent même l’existence de cet arrêté, presque six mois après sa publication au Journal Officiel.
Pour aller du centre-ville vers la gare routière de Caroubier ou la banlieue proche de la capitale, comme Bordj El Kiffan (ex-Fort de l’eau) à titre d’exemple, certains taxis n’hésitent pas à réclamer un tarif forfaitaire qui peut aller jusqu’à 500 DA parfois. « Une fois que je vous dépose, j’aurai du mal à trouver des clients », arguent-ils la plupart du temps.
Le directeur des transports terrestres auprès du ministère des Transports, Salem Salhi, reconnaît la difficulté de mettre un terme à ces pratiques. « Je ne dis pas que ce n’est pas une réalité, mais avec le nouveau cahier des charges, celui qui transgresse le dispositif le paiera », avertit-il. Et de concéder : « On ne peut pas mettre un policier près de chaque taxieur, c’est impossible. C’est très difficile ! ».
Faute de solution efficace, M. Salhi appelle les citoyens lésés par ces pratiques à s’impliquer pour les dénoncer. « Il faut que le citoyen dénonce et joue le jeu avec nous », lance-t-il. « Il ne faut pas qu’il hésite à prendre le numéro de la plaque minéralogique du taxi et nous adresser un courrier. Le taxieur sera sanctionné », conseille-t-il.
Par ailleurs, M. Salhi a fait savoir que son service projette de mettre en place prochainement un centre d’appel pour encourager les citoyens à dénoncer ces infractions. « On est en train de préparer une ligne téléphonique spécialisée pour que les gens dénoncent ce type d’infractions », révèle-t-il.
Toutefois, la concrétisation de ce projet demeure « difficile » en raison des restrictions budgétaires décidées par le gouvernement à cause de la crise qui secoue actuellement le pays, selon notre interlocuteur. « Néanmoins, nous sommes déterminés de la mettre (la ligne téléphonique) dans les meilleurs délais possibles au courant de cette année », affirme-t-il.