Smail Lalmas n’a pas changé de position vis-à-vis du Panel de dialogue et de médiation, qu’il a quitté moins d’une semaine après l’avoir intégré. L’économiste met désormais en garde désormais contre l’échec des consultations menées par l’Instance de Karim Younes et le retour du régime de Bouteflika, qui « n’est pas encore parti ».
« Ce genre d’Instance va nous mener à l’impasse et va attirer la clientèle du pouvoir », avertit Smail Lalmas, dans un entretien à TSA Arabi, publié ce jeudi 15 août.
Pour lui, le processus de dialogue « ne peut pas réussir en dehors du cadre de l’apaisement ». « Si le pouvoir ne répond pas aux revendications du peuple, ce dernier n’aura pas confiance à l’Instance, et ne va pas se réunir avec elle. On sera alors face à un scénario classique qui consiste à remplir les salles avec des gens qui n’ont aucune relation avec le hirak. Cela rappelle les pratiques anciennes du système Bouteflika », prévient Smail Lalmas.
Pessimiste sur l’issue du dialogue mené par le Panel, l’économiste met en garde contre le retour du régime de Bouteflika. « Si le peuple refuse le dialogue et que le régime s’accroche au choix d’aller aux élections présidentielles sans le peuple, cela va nous donner un résultat connu d’avance qui est celui d’installer un candidat du régime bouteflikien comme président, ce qui va permettre la régénération du système de Bouteflika qui n’est pas encore parti », anticipe Smail Lalmas.
L’économiste souligne les contradictions dans les discours des tenants du pouvoir, ce qui constitue une preuve, selon lui, de « l’absence de consensus » au sommet de l’Etat sur la feuille de route de sortie de crise. « Il n’y a pas de consensus au sommet de l’Etat sur la feuille de route de sortie de crise », estime-t-il.
« Il faut qu’ils se mettent d’accord au sommet pour faciliter le travail du panel de dialogue et des autres initiatives. Les tenants du pouvoir doivent comprendre qu’ils ne pourront pas résoudre la crise, sans écouter la voix du peuple, et il est temps de le faire, c’est-à-dire d’écouter le peuple », soutient M. Lalmas.
L’économiste rappelle que parmi les revendications populaires figure le départ du gouvernement Bedoui, et « son remplacement par un gouvernement populaire. »
« Mais si on reste avec les pratiques anciennes, ce genre de Panel va nous mener à l’impasse, et cela va attirer la clientèle du pouvoir. Les décideurs doivent revoir leurs pratiques », recommande M. Lalmas, en soulignant que « le peuple est prêt à aller le plus loin possible pour concrétiser ses objectifs ».
Sur sa démission du Panel, l’économiste l’explique par « la perte d’indépendance » de cette Instance, après l’intervention d’« autres parties », à travers des discours et des communiqués, pour fixer la feuille de route du dialogue. « Le Panel a réclamé des mesures d’apaisement pour entamer le dialogue. Au départ, le pouvoir a répondu positivement à ces demandes. Ensuite, d’autres parties sont intervenues pour fixer la feuille de route du dialogue », rappelle M. Lalmas, en soulignant que le pouvoir « n’a pas encore satisfait » les demandes du Panel notamment les mesures d’apaisement.
« Ce qui nous réunit, c’est le changement du système qui a produit la grande corruption à tous les niveaux », plaide M. Lalmas qui refuse de porter des jugements sur des personnalités. « Nous voulons déployer toutes nos forces pour le départ du régime, et nous devons nous entendre sur une feuille de route de sortie de crise », affirme l’économiste.