Le Syndicat national des magistrats (SNM) enregistre « avec amertume” et “regret la détérioration” de la situation dans le secteur de la justice. Une situation qu’il attribue à l’adoption par le département de Belkacem Zeghmati d’« instruments de gestion réactionnaires éculés ».
« La démarche qui caractérise la gestion du ministère de la Justice est incompatible avec les instruments de gestion moderne et professionnelle qui incombent à ceux qui sont chargés de la gestion des affaires publiques basés sur la démocratie participative et qui nécessite la voie du dialogue en engageant toutes les parties concernées à exprimer leur opinion sur des questions qui concernent le secteur, sans haine, de nature à garantir des décisions judicieuses applicables avec sérénité (…)», développe le syndicat.
Dans ce contexte, il reproche au ministère son exclusion alors qu’il « représente les deux tiers des magistrats », les greffiers et les huissiers de justice des discussions sur la reprise de l’activité judiciaire.
« D’autant que la question est intimement liée aux droits professionnels de ces catégories », note le communiqué qui s’interroge sur le fait qu’il ait consulté exclusivement l’Union nationale de l’ordre des avocats (Unoa) dont le président a annoncé les décisions prises avant les services du ministère. « Ce qui laisse à penser que le reste des dynamiques ne sont pas les bienvenues (…) », soutient le texte.
« Il est de notre devoir de chercher les raisons de ce favoritisme et de ce compromis », note-t-il. « Le dernier chapitre de la mascarade est le retrait dans le dernier mémorandum publié par le ministre certaines décisions prises la semaine dernière sur la manière de reprise de l’activité judiciaire », relève encore le syndicat.
« Ce qui traduit l’improvisation et la confusion chez ceux qui président aux services du ministère, dont l’actuel ministre, et sachant que ce n’est pas la première fois que des notes de travail sont retirées peu après leur publication, ce qui affecte la crédibilité de l’État et de ses institutions », critique le syndicat.
Il annonce qu’il convoquera son conseil national pour le mois de juillet, pour « décider de ce qu’il juge approprié, afin de faire face à la persistance du ministre de la Justice à ignorer les juges et leurs représentants légaux ».
Il y a plus d’un mois, le SNM avait critiqué la décision du ministre de la Justice portant sur la reprise au niveau des cours et tribunaux du traitement des affaires civiles et administratives dans lesquelles des avocats sont constitués.
Le SNM avait appelé les magistrats à ignorer la teneur de ladite note et à reporter la reprise de l’activité jusqu’après l’Aïd el fitr. Il avait demandé au président Abdelmadjid Tebboune d’intervenir en urgence pour résoudre cette crise, “en conformité avec les mesures nécessaires pour sauvegarder la sécurité et la santé des citoyens, et pour consacrer le principe de l’égalité devant la justice”.