Rien ne semble arrêter l’actrice et danseuse algérienne. Sofia Boutella est à l’affiche de la superproduction hollywoodienne, La Momie, aux côtés de Tom Cruise, qui sortira en salles le 14 juin. Elle y campe Ahmamet, une princesse de l’ancienne Égypte, qui revient à la vie et sème le chaos.
Cet été, elle donnera la réplique à l’actrice sud-africaine Charlize Theron dans Atomic Blonde. Selon le site Deadline Hollywood, Sofia Boutella a également décroché le rôle principal dans une adaptation du roman de Ray Bradbury Fahrenheit 451.
L’enfant de Bab El Oued
Si aujourd’hui le tout Hollywood est sous le charme, la jeune femme de 35 ans, au regard profond et à la silhouette parfaite, a déjà derrière elle une longue carrière. Native de Bab El Oued, Sofia Boutella commence la danse à l’âge de 5 ans. Elle est déjà douée. Manifestement prédestinée par son héritage familial. Son père, diplômé de la célèbre Berklee College of Music (une des écoles de musique modernes les plus prestigieuses au monde), n’est autre que le compositeur et chanteur Safy Boutella. Sa mère, Samia, est architecte.
L’enfance est douce. « Dans notre maison familiale, nous avions un grand jardin désordonné avec des cerfs, des chiens, des poulets et des chats », confie la jeune femme dans une interview accordée au magazine Harper’s Bazaar Arabia ce mois-ci. La jeune femme se sent « bénie » d’être née dans une famille qui lui donne la chance de s’épanouir.
L’arrivée en France
La décennie noire interrompt cette parenthèse enchantée. La famille Boutella déménage en France en 1992. Direction Paris. Sofia n’a que dix ans. La jeune femme assimile ce changement à « un choc culturel », explique-t-elle au Harper’s Bazaar Arabia. « Les Arabes de Paris n’étaient pas comme les Arabes d’Algérie », explique Sofia Boutella, qui se fait néanmoins « des amis d’Algérie, de France, du Maroc, du Sénégal, du Mali ».
Cette nouvelle vie la pousse aussi à explorer de nouveaux horizons artistiques. Elle découvre la gymnastique rythmique et sportive. Ado, elle est séduite par le hip-hop. Puis explore le breakdance, un style de danse acrobatique né dans les années 1970, aux coins des rues du Bronx, à New-York.
La jeune femme enchaîne compétitions, puis castings. En 2005, c’est la marque Nike qui l’a révélée au grand public. « Je n’ai pas besoin de remplir les stades ou de les faire s’embraser. Je n’ai pas besoin d’entendre 80 000 personnes scander mon nom. Je n’aurai jamais de fan ni fan-club. Je ne signerai peut-être ni contrats, ni autographes. Mais pouvez-vous dire que je ne suis pas une athlète ? », lance une Sofia Boutella, le corps quasi en transe dans ce spot publicitaire.
Retour aux sources
Boutella, athlète mais pas star, dit le slogan de la marque ? Pas si sûr. Cette pub la propulse. Les grands de la pop se bousculent pour l’avoir. Michael Jackson la recrute pour sa série de concerts come-back. Mais le rêve prend fin quand « le King of the Pop » décède brutalement en juin 2009. Madonna, l’autre reine planétaire, l’engage pour ses tournées mondiales. Suivent Rihanna, Mariah Carey, Jamiroquai, Usher. Elle irradie.
La danse lui permet de se faire un nom au cinéma. Avec des rôles très physiques. Il y a « Kingsman : services secrets » de Matthew Vaughn en 2015, film dans lequel elle joue le rôle de Gazelle, une espionne amputée des deux jambes, qui cavale sur des prothèses. Puis « Star Trek : Sans limites » en 2016, réalisé par Justin Lin. La célèbre saga revisitée est applaudie par la critique. Quant à Boutella, malgré ses yeux jaunes de serpent et les rayures sur son visage, elle parvient à éclipser les autres personnages.
Sofia Boutella, qui vit désormais aux États-Unis, garde les pieds sur terre. Les souvenirs des dix premières années de sa vie ne sont jamais très loin. « Je me sens algérienne, je suis fière d’être algérienne et c’est une chose que j’emporte avec moi partout », confie-t-elle au magazine de mode, édition Moyen-Orient.