L’Algérie accélère les préparatifs pour la tenue du sommet arabe d’Alger. À moins de deux mois de sa tenue, les invitations aux chefs d’Etats et rois arabes ont été lancées officiellement par le ministre des Affaires étrangères Ramtane Lamamra lundi 4 septembre au Caire.
Au nom du président Abdelmadjid Tebboune, le chef de la diplomatie algérienne a remis aux mains propres les cartons d’invitation au président de l’Etat de Palestine, Mahmoud Abbas, lundi soir.
Ce mardi, Ramtane Lamamra a été reçu par le président égyptien Abdelfattah Al Sissi, à qui il a remis une invitation officielle pour prendre part au 31e sommet de la Ligue arabe qui se tiendra à Alger début novembre. Symboliquement, la Palestine est le premier Etat à être invité à ce sommet, ce qui montre la place que l’Algérie réserve à la question palestinienne durant ce sommet.
Le président palestinien s’est dit « fier de voir l’Etat de Palestine, le premier pays à être officiellement invité à participer au Sommet d’Alger, ce qui confirme la centralité de la cause palestinienne placée au cœur des priorités de l’action arabe commune”, a indiqué le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué.
L’Algérie va inviter l’ensemble des pays arabes à prendre part à ce sommet y compris le Maroc avec lequel les relations diplomaties sont rompues depuis plus d’une année. Selon nos sources, un ministre de souveraineté sera désigné pour remettre l’invitation de participer au sommet de la Ligue arabe d’Alger au Maroc.
Le nom de ce ministre et la date de son déplacement à Rabat ne sont pas encore fixées. En tous cas, ce ne sera pas Ramtane Lamamra qui se déplacera pour inviter les Marocains à prendre part à ce sommet.
Le chef de la diplomatie algérienne a été chargé de remettre deux invitations : celles de Mahmoud Abbas et d’Abdel Fattah Al Sissi. Pour le reste des invitations, d’autres ministres s’en chargeront.
Pour le Maroc, l’Algérie qui fait la différence entre les relations bilatérales et un événement multilatéral, a déjà participé à deux sommets qui se sont tenus au Maroc alors que les relations diplomatiques étaient rompues entre les deux pays.
Si la décision de la Syrie de renoncer à prendre part à ce sommet a fait sauter l’un des écueils à la tenue de cette rencontre tant que la question du retour ce pays à la Ligue arabe ne faisait pas consensus au sein de la Ligue arabe, un autre obstacle a émergé ce mardi au Caire, avec le retrait de la délégation égyptienne, lors d’une rencontre des ministres des affaires étrangères de l’organisation panarabe.
L’incident s’est produit quand la ministre libyenne des Affaires étrangères Najla Mangouch a pris la présidence tournante du conseil ministériel arabe. Le Caire conteste la légalité du gouvernement libyen de Hamid Dbeibah dont fait partie Mangouch et soutient l’exécutif parallèle dirigé par Fathi Bachagha.
La réponse d’un diplomate algérien à Bourita
Ce retrait égyptien illustre les divisions au sein de la Ligue arabe à moins de deux mois de la tente du sommet d’Alger.
Outre la crise libyenne, les tensions entre l’Algérie et le Maroc risquent de peser sur ce sommet que Rabat tente de torpiller. Présent ce mardi au Caire, le ministre marocain des Affaires étrangères Nasser Bourita a déclaré que le Maroc veut le Sommet d’Alger se « tienne sur la base d’un engagement de responsabilité et loin de tous calculs étroits ou de logique dépassée, en consolidant la confiance nécessaire et en respectant les rôles de chaque partie».
Le chef de la diplomatie marocaine a plaidé pour une « lecture objective » de la réalité du monde arabe, qui est selon lui, en « proie à des différends internes et externes divers » ainsi qu’à des « manœuvre externes et internes visant à semer la division, à soutenir les velléités séparatistes, à déclencher les conflits frontaliers, ethniques, sectaires et tribaux et à consumer la région et épuiser ses richesses».
En réponse, un diplomate algérien a accusé Bourita de répéter les « mêmes éléments de langage déjà ressassés en février dernier ». Pour lui, le chef de la diplomatie marocaine « ne fait qu’exprimer sa frustration et sa déception devant les préparatifs qui vont bon train pour la tenue, comme prévu, du sommet arabe les 1er et 2 novembre à Alger. »
Ces extraits du discours de Bourita sont « lamentables » et « procèdent de la technique lâche et navrante de l’inversion accusatoire de la part de celui dont le pays est passé maître dans la pratique indigne des coups bas et des calculs étroits (lors de tous les sommets arabes qui se sont tenus au Maroc dont le fameux sommet de la trahison de septembre 1965 à Casablanca ) »
Le diplomate algérien ajoute que « l’invocation ridicule de soi-disant « velléités séparatistes » par Bourita est la « meilleure illustration de cette logique de surenchère et de manipulation politique si coutumière au makhzen. »