Le président Abdelmadjid Tebboune a adressé, jeudi à Manama, une allocution aux participants à la 33ᵉ session du Sommet arabe, lue en son nom par le ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger, Ahmed Attaf. En voici la traduction APS :
« Au nom d’Allah, le Clément, le Miséricordieux,
Prière et paix sur Son Messager,
– Votre Majesté, le Roi Hamad bin Issa Al-Khalifa, Souverain du Royaume de Bahreïn frère,
– Vos Majestés, Vos Altesses, Vos Excellences
– Monsieur le Secrétaire général de la Ligue arabe,
Le Sommet arabe se réunit aujourd’hui dans un contexte international difficile et une conjoncture régionale de plus en plus complexe. La crise aiguë qui a frappé, de plein fouet, les relations internationales est désormais une réalité dont les répercussions se font ressentir dans les quatre coins du monde.
La paralysie des mécanismes d’action internationale multilatérale, en tête desquels notre Organisation onusienne et son organe central, le Conseil de sécurité, n’en est qu’une preuve de plus de la gravité de cette crise aiguë qui hypothèque le présent et l’avenir de la paix, de la sécurité, du développement et de la prospérité dans le monde.
Vous n’êtes pas sans savoir que notre région arabe traverse, elle aussi, une conjoncture charnière, chargée de défis et de crises dont la dangerosité et la complexité se traduisent par les menaces existentielles qui guettent nos frères à Gaza et les dangers auxquels fait face la cause palestinienne, visant sa liquidation.
Notre cause centrale a, aujourd’hui plus que jamais, besoin d’une Nation arabe unie et forte, qui soit à l’avant-garde de ses défenseurs et aux premiers rangs de ceux qui œuvrent pour l’établissement d’un État palestinien indépendant et souverain, comme solution juste, pérenne et définitive au conflit arabo-israélien.
Pour ce faire, l’Algérie a œuvré, depuis son adhésion au Conseil de sécurité, par fidélité et avec dévouement, à rehausser la place de la cause palestinienne au rang de cause centrale et de plus ancienne question inscrite à l’agenda de notre Organisation onusienne, mais aussi en tant que plus importante question à placer en tête des priorités de la Communauté internationale, et à soutenir en mobilisant tous les efforts nécessaires, eu égard à la place qu’elle occupe dans les cœurs de nos peuples.
Dans ce contexte et outre les exigences dictées par la conjoncture actuelle en termes d’intensification des pressions pour mettre fin à l’agression israélienne, garantir l’acheminement des aides humanitaires et faire cesser la déportation des Palestiniens, notre ferme conviction, en Algérie, est que :
– L’après-guerre à Gaza doit être complètement différent et opposé à l’avant-guerre,
– L’après-guerre à Gaza appelle l’unification des rangs, la fédération des énergies et la mobilisation des efforts pour la relance d’un règlement du conflit qui soit sous-tendu par des bases justes, pérennes et définitives, conformément aux instruments internationaux auxquels a adhéré la Communauté internationale, dont des références, des garde-fous et une Légalité immuable,
– L’après-guerre à Gaza doit indéniablement donner naissance au Projet national palestinien, consistant en l’édification d’un État palestinien indépendant, souverain, sans restrictions, ni conditions, ni entraves aucunes.
Dans cette optique, nous accueillons favorablement l’élan grandissant des reconnaissances officielles de l’État de Palestine et le soutien accru apporté au projet de son admission en tant qu’État membre de plein droit à l’ONU.
La décision historique adoptée, il y a quelques jours, par l’Assemblée générale de l’ONU, reflète dans sa teneur et ses objectifs une vérité historique, une vérité éclatante que vient, fort heureusement, de reconnaitre la Communauté internationale tout entière, à savoir que le fond du conflit palestino-israélien consiste en le sabotage du Projet national palestinien et que le règlement de ce conflit passe par la concrétisation de ce projet et l’accélération de l’édification de l’État de Palestine.
Nous ne pouvons que nous prévaloir de cette décision et réitérer notre appel au Conseil de sécurité à l’effet de reconsidérer le dossier d’admission de l’État de Palestine, permettre à la Communauté internationale de se racheter et de saisir cette opportunité pour rendre justice au peuple palestinien et lui permettre de jouir de ses droits.
Vos Majestés, Vos Altesses, Vos Excellences,
Si j’évoque avec autant d’abondance la cause palestinienne, il n’en demeure pas moins que nous sommes tout aussi sensibles aux crises multiples et complexes qui frappent plusieurs pays arabes aux niveaux sécuritaire, politique, économique et social.
La situation au Soudan, en Libye et au Yémen, pays frères, et dans le reste des pays arabes, privés de paix et de sécurité, en appelle, elle aussi, à un rôle arabe majeur qui puisse éteindre le feu de la discorde entre les enfants d’un même pays et les prémunir contre les menaces et les dangers qui les guettent, du fait des interventions étrangères exacerbées, et de plus en plus féroces.
L’efficacité de l’action arabe commune et son efficience en cette conjoncture particulière et les grands défis qu’elle véhicule, impose de placer le dossier de réforme de la Ligue arabe en tête des priorités, une réforme dont l’urgence est de plus en plus pressante, d’autant que les motifs sont désormais connus de tous :
– La réforme s’impose, tout d’abord, pour rattraper nos efforts manqués face aux défis de l’heure,
– La réforme s’impose, en second lieu, pour unifier nos rangs et les renforcer davantage en faveur de la défense de nos intérêts communs et de nos causes centrales,
– La réforme s’impose enfin pour réhabiliter l’action arabe commune, recouvrer la quiétude du monde arabe et lui permettre de reconquérir sa position en tant qu’acteur influent sur la scène internationale.
Que la paix et les Bénédictions d’Allah soient sur vous ».