Le président Adelmadjid Tebboune a entamé, ce mercredi 26 février, une visite d’État en Arabie saoudite. Il s’agit de la première visite officielle du chef de l’État dans un pays étranger depuis son élection le 12 décembre. En plus des dossiers bilatéraux, le président de la République abordera avec le roi Salmane des dossiers régionaux et internationaux.
L’Afrique devrait figurer en bonne place dans les discussions entre les deux chefs d’État. L’Arabie saoudite doit organiser prochainement un sommet Afrique-monde arabe à Riyad et souhaite à cette occasion afficher sa détermination à renforcer ses relations avec les pays africains. De son côté, le nouveau président algérien a clairement exprimé ses nouvelles ambitions pour l’Afrique et souhaite que l’Algérie revienne en force en Afrique où elle possède de nombreux atouts. Les deux pays pourraient éventuellement explorer les nouveaux axes de partenariat et de collaboration », explique François-Aissa Touazi, fondateur de du think-tank français Capmena et spécialiste des pays du Golfe.
Prévu initialement le 16 mars prochain, le 5e sommet arabo-africain a été reporté à une date ultérieure. Selon nos informations, la nouvelle date proposée est le 16 avril prochain. Des tractations sont en cours pour aboutir à un consensus concernant le déroulement du sommet. Comme lors de la 4e édition en novembre 2016, c’est la question de la présence de la République sahraouie qui cristallise les tensions.
En 2016, le Maroc et huit autres pays arabes, à savoir l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, Bahrein, Qatar, le Sultanat d’Oman, la Jordanie, le Yémen et la Somalie, s’étaient retirés du 4e sommet arabo-africain qui se tenait à Malabo, capitale de la Guinée équatoriale, pour protester contre la présence de la RASD.
« Des sources diplomatiques citées par plusieurs médias arabes ont confirmé que les « divergences de vues entre les pays africains membres de l’UA et les pays arabes membres de la Ligue arabe étaient irréconciliables », les premiers estimant que l’expulsion d’un État membre de l’UA était « inacceptable » au regard de la charte de l’instance panafricaine, alors que le camp arabe faisait valoir que la « RASD », n’était ni membre des Nations unies, ni État siégeant à la Ligue arabe », écrivait à l’époque le site marocain Le Desk.
« De son côté, la Guinée équatoriale, pays hôte qui se prépare à l’organisation de ce sommet depuis un an, n’a pas été non plus en mesure d’éviter son échec. Certaines parties lui reprochent de n’avoir pas su gérer la situation en amont, comme l’avait fait le Koweït en novembre 2013, en refusant la participation de la « RASD » avant l’ouverture du sommet », ajoutait la même source.
Plus de trois ans après cet incident à Malabo, la configuration reste la même. Il y a d’un côté la majorité des pays de l’Union africaine, menés par l’Algérie et l’Afrique du Sud, qui soutiennent le principe de la participation de tous les pays membres, y compris donc la RASD. En face, le Maroc, soutenu par les monarchies du Golfe, qui conteste aux Sahraouis la légitimité de prendre part à un sommet international.
Aujourd’hui, la question est de savoir que va faire l’Arabie saoudite, pays hôte du 5e sommet ? On le sait : Riyad est l’un des principaux soutiens de Rabat sur la question du Sahara occidental. L’Arabie saoudite a besoin de réussir ce sommet pour renforcer ses liens avec l’Afrique dans un contexte marqué notamment par une offensive de son rival turc dans le continent.
Une chose est sûre : sans la participation de la RASD, le sommet a peu de chance d’être couronné de succès. « Le sommet se tiendra en présence de la RASD, sinon il n’aura pas lieu. Avec la présidence sud-africaine de l’UA, il n’y a aucun doute à ce sujet », prévient une source proche dossier.
Selon plusieurs médias marocains, le conseiller du roi Mohammed VI, Fouad Ali El Himma, et le ministre des Affaires étrangères Nasser Bourita, ont entamé, mardi, une visite de deux jours à Riyad, porteurs d’un message du souverain augardien des Lieux Saints, le roi Salman bin Abdulaziz. La visite, qui intervient à la veille de celle de Tebboune à Riyad, n’a pas été médiatisée par Rabat.