Société

Son dossier est jugé « prioritaire » par la préfecture : elle attend son titre de séjour depuis 2 ans

Les longs délais de traitement des demandes de renouvellements de titres de séjour en France causent d’énormes préjudices aux étrangers, pourtant en situation régulière. À défaut de ce document justifiant la légalité de séjour, ils vivent constamment dans le doute et la peur de perdre leur emploi, leur logement, voire d’être expulsés du pays.

Certains étrangers en attente de leur titre de séjour n’osent même pas quitter leur domicile, de peur d’être contrôlés dans la rue. C’est le cas de Thiziri, une ressortissante algérienne, originaire de Tizi-Ouzou, arrivée en France en 2018.

« Ça traîne depuis mars 2022, mais là ça devient urgent »

À cette époque, elle disposait d’un visa étudiant renouvelable tous les ans, dans le cadre de ses études dans le commerce international et la logistique. Deux ans après son arrivée en France, soit en mars 2020, elle décide d’abandonner ses études pour se marier.

Aussitôt, elle met la préfecture d’Armentières (en région Hauts-de-France) au courant de son changement de situation et reçoit deux récépissés de six mois chacun, ce qui lui a permis de vivre dans la légalité, rapporte le journal local La Voix du Nord, ce jeudi 23 mai.

Mère d’un enfant de trois ans, la ressortissante algérienne formule une demande de titre de séjour « Vie privée et familiale ». Mais la préfecture lui répond que ce n’était pas ce qu’il fallait faire. Son mari devait plutôt ouvrir un dossier de regroupement familial auprès de l’office français de l’immigration et de l’intégration (OFII).

Après avoir effectué cette démarche, le couple a dû attendre le mois d’août 2023 pour que l’OFII valide son dossier et l’envoie à la préfecture. Là aussi, la réponse tarde à venir, laissant Thiziri dans la peur et le doute. « Ça traîne depuis mars 2022, mais là ça devient urgent », confie-t-elle au même journal.

Elle n’ose même pas sortir dans la rue « de peur d’être contrôlée »

Actuellement, elle doit effectuer un stage dans le cadre de sa formation. Or, avec sa situation de sans-papiers, elle n’y ouvre pas droit. En plus de ce blocage administratif, elle n’ose même pas sortir de chez elle avec son fils « de peur d’être contrôlée ».

Le pire, c’est qu’elle ne peut même pas voyager en Algérie revoir sa famille. « Je crains de ne pas pouvoir revenir en France », ajoute-t-elle.

Fin avril dernier, la préfecture lui a indiqué que sa demande est jugée « prioritaire » et qu’elle sera traitée prochainement. Mais toujours sans réponse, elle décide de faire appel à une avocate pour ouvrir un recours urgent au tribunal de Lille.

Dans son témoignage, Thiziri insiste sur le fait qu’elle ne soit pas la seule dans cette situation dans sa région. D’ailleurs, le nouveau préfet d’Armentières avait admis, peu après son installation, que les délais de renouvellement des titres de séjours « sont anormalement longs ».

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