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Soprano et koweïtienne

Soprano et koweïtienne

Amani Hajji est un cas unique sur la scène culturelle koweïtienne. Elle s’entête depuis 20 ans à promouvoir et à faire connaître l’opéra dans un pays oriental quasiment hermétique à ce genre musical venu d’Occident.

Et, au bout de deux décennies, cette chanteuse soprano qui enseigne également la musique au conservatoire de Koweït dit commencer à sentir les prémisses d’un intérêt pour le chant lyrique dans cet émirat pétrolier du Golfe.

Elle indique avoir été surprise de découvrir en 2016, à l’occasion de l’ouverture d’une maison d’opéra à Koweït, qu’elle avait un public local qui suit sa carrière et loue ses performances, pourtant rares.

« Je n’ai pas été invitée à chanter à l’ouverture de l’opéra, marquée par un récital du ténor italien Andrea Bocelli. De nombreux Koweïtiens se sont indignés de mon absence et c’est là que j’ai découvert que j’avais un public qui me connaît et qui m’apprécie », explique Amani Hajji à l’AFP.

C’est en regardant, lycéenne, une émission de télévision que son intérêt pour la musique lyrique s’est éveillé. « J’aimais la musique en général et après avoir vu en première année du secondaire une interview d’Ahmed al-Baqer, le fondateur du Conservatoire, j’ai décidé de m’y inscrire. »

« J’ai commencé à travailler ma voix et j’ai découvert l’opéra, grâce à une enseignante égyptienne à Koweït », explique-t-elle.

Depuis qu’elle pratique le chant d’opéra, Amani Hajji a représenté son pays dans diverses manifestations musicales à Bahreïn, en Italie, en Ukraine, en Turquie, au Maroc et dans d’autres pays.

Puccini de préférence

A sa première apparition en 2000 à l’opéra du Caire, alors âgée de la trentaine, tout le monde croyait qu’elle allait chanter du folklore oriental.

Elle a été réinvitée à cinq reprises depuis pour chanter en italien ou en allemand des morceaux de Giacomo Puccini, le compositeur qu’elle préfère et qu’elle estime être proche de l’oreille du mélomane koweïtien.

Plus récemment, elle s’est produite avec succès à Koweït, avec l’Orchestre philharmonique de Bucarest.

« Même s’il ne comprend pas la langue, le public apprécie ma manière de chanter et j’ai mon style propre, un style sentimental contrastant avec celui d’interprètes occidentaux ».

Au conservatoire de Koweït, de plus en plus d’étudiants s’intéressent à l’art lyrique, relève Amani Hajji.

Ahmed Kandari, qui enseigne cet art musical, dit avoir bataillé contre sa famille pour son choix d’étude. Le fait que la musique ne soit pas enseignée à l’école y est pour beaucoup, selon lui.

« L’enseignement au niveau du secondaire brille par l’absence d’initiation à la musique, alors que nous devons l’introduire et l’enrichir pour permettre au public d’apprécier différents styles et genres musicaux », estime-t-il.

Le parcours d’Amina Hajji a inspiré certains jeunes venus de pays voisins pour étudier au conservatoire de Koweït, alors que des maisons d’opéra commencent à voir le jour dans l’émirat.

Et l’art lyrique gagne du terrain ailleurs dans le Golfe. Dubaï s’est lui aussi doté d’un opéra, après Oman où le sultan Qabous est connu pour apprécier la musique occidentale et favoriser son apprentissage.

Ahmed Saleh al-Jazali fréquente le conservatoire de Koweït. Cet Omanais, encouragé par sa famille, s’initie au chant en allemand et en italien.

« Nous avons de nombreuses voix brutes qu’on s’emploie à polir », dit Amani Hajji qui regrette toutefois l’absence d’étudiantes, elle qui rêve d’un duetto féminin.

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