Alors que les offres de reprise de tout ou partie d’Aigle Azur doivent être déposées d’ici à lundi midi. Sauf coup de théâtre, Air France va déposer une offre.
Depuis hier vendredi 23h59, les 11 avions d’Aigle Azur sont cloués au sol. L’avenir des 1.150 salariés de la compagnie aérienne est suspendu aux offres de reprise qui doivent être déposées avant lundi midi. Et notamment à celle d’Air France que souhaitent de plus en plus de syndicats et de salariés après avoir longtemps soutenu l’offre éventuelle de Gérard Houa, actionnaire à hauteur de 20% qui revendique toujours la présidence de la compagnie après son coup de force fin août pour prendre le pouvoir.
“Pour réussir à vendre des billets d’avion, il faut redonner confiance aux clients. Si la compagnie est reprise par Air France, les billets se vendront tout de suite”, a déclaré Raphaël Caccia, secrétaire général de la branche secteur aérien de la CFDT.
“On attend une bonne surprise”, confiait ce samedi à La Tribune un autre syndicaliste. La menace pour l’emploi est très forte, même en cas de reprise. Notamment pour les personnels au sol.
De son côté, le syndicat national des pilotes de ligne (SNPL) d’Aigle Azur préconise un autre tour de table réunissant certes Air France mais aussi d’autres investisseurs, les salariés avec Lionel Guérin, ancien directeur général délégué d’Air France, pour diriger Aigle Azur. Le responsable du SNPL d’Aigle Azur, Martin Surzur, souhaitait hier être entendu à Matignon pour défendre ce projet qui aurait le mérite selon lui de sauver beaucoup d’emplois. Sans intégration à Air France, un tel projet permettrait d’éviter aux pilotes d’Aigle Azur de rentrer à Air France au bas de la liste de séniorité. En outre, ce projet permettrait de conserver le long-courrier. Les pilotes ne veulent pas en effet rejoindre French Bee, la low-cost long-courrier du groupe Dubreuil.
Pour autant ce schéma semble difficile à mettre en place. En effet, Lionel Guérin ne compte pas que des amis à Air France et à Air France-KLM. De plus Air France n’avait pas l’intention pour l’heure de reprendre le long-courrier d’Aigle Azur (deux gros porteurs, A330)
Des créneaux à Orly et des droits de trafic vers l’Algérie
Sauf coup de théâtre ce week-end, la compagnie française va déposer lundi une offre de reprise pour tout ou partie de l’activité moyen-courrier d’Aigle Azur (9 appareils au total), pour pouvoir rafler une bonne partie des 10.000 créneaux horaires de décollage et d’atterrissage d’Aigle Azur à Orly et les positions de cette dernière sur l’axe franco-algérien, son point fort. Autre point positif, une reprise d’Aigle Azur et de ses pilotes permettrait aussi à Air France de faire monter en puissance Transavia, aujourd’hui bloqué dans son développement en raison d’un manque de formateurs.
Le Groupe Dubreuil regarde le long-courrier
Reste le long-courrier (deux avions). Le groupe Dubreuil, propriétaire d’Air Caraïbes et de French Bee, toutes deux à l’étroit à Orly, regardent le dossier, au moins pour un appareil. Le nom du spécialiste des affr!tements Hiflly est également cité.
Côté français, les deux anciens du groupe Air France, Lionel Guérin et Philippe Micouleau, maintiennent leur proposition. Leur projet initial de bâtir un plan de retournement d’Aigle Azur pendant la phase de redressement judiciaire a été mis à mal par le chamboulement du calendrier, lié à la réalité de la trésorerie. Ils préconisent de reconstituer la trésorerie par l’injection par exemple de 30 à 40 millions d’euros de la part de l’Etat sous forme de prêt pour permettre à la compagnie de reprendre son activité et finaliser dans les trois mois le plan de reprise, aujourd’hui impossible dans les délais demandés. Quant à Gérard Houa, aucune décision concernant une offre de reprise n’est prise, indiquait-on hier dans son entourage.
Du côté des compagnies étrangères, le groupe IAG et Easyjet étudiaient le dossier. Reste à voir s’ils déposeront une offre alors que le scénario semble joué d’avance.