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Souad Abderrahim, une proche des islamistes pressentie pour être maire de Tunis

Souad Abderrahim, une proche des islamistes pressentie pour être maire de Tunis

Souad Abderrahim, tête de liste du parti islamiste Ennahdha arrivé en tête à Tunis lors des premières élections municipales démocratiques, est une gérante d’entreprise, militante proche des islamistes de longue date et ancienne députée.

Si elle était élue à la mairie de Tunis, elle deviendrait la première femme maire de la capitale tunisienne.

Cette docteur en pharmacie de 53 ans, qui dirige une importante entreprise de distribution de produits pharmaceutiques à Tunis, est reconnaissable à son brushing soigné et ses tailleurs pantalon impeccables, un style sobre mais tranchant souvent avec celui de son entourage politique. Cela lui a valu d’être qualifiée de vitrine pour un parti soucieux de moderniser son image.

« C’est une fierté pour toutes les femmes tunisiennes, cette possible désignation montrera un changement dans les mentalités! », se réjouit Mme Abderrahim.

« Nous sommes en train de dessiner la vraie image de la femme tunisienne! », lance cette mère de deux enfants.

Elle estime que son score lors de l’élection « montre une évolution dans une mentalité masculine qui jugeait la femme incapable d’assumer de grandes responsabilités ». Et qu’elle n’est pas seulement « une décoration », mais une véritable décideuse.

Si elle a rejoint le bureau politique d’Ennahdha depuis septembre 2017, elle rejette la définition d’islamiste et se définit comme « indépendante ». Le parti lui-même, soucieux de ne pas braquer ses opposants, souhaite se présenter comme un parti « musulman démocrate ».

« Mes idées (politiques) sont libérales et réformatrices. Mes orientations sont d’appuyer tout ce qui est en relation avec la citoyenneté, renforcer l’unité du peuple tunisien », estime-t-elle.

Pour un observateur de la vie politique tunisienne qui a requis l’anonymat, c’est « une femme de conviction » qui a « une certaine acuité politique ».

« Elle n’est pas là par opportunisme, elle a toujours défendu le programme d’Ennahdha à l’Assemblée constituante, mais elle n’est pas prête à aller n’importe où avec eux, elle tient à son indépendance — elle défend leurs idées tant qu’elle y croit », estime-t-il.

Elle s’est taillé une réputation de moralisatrice lors de son passage à l’Assemblée nationale constituante (ANC), dans laquelle elle a siégé au sein du bloc Ennahdha de 2011 à 2014.

Elle avait alors provoqué l’indignation chez le défenseurs des droits de l’Homme en s’en prenant aux mères célibataires.

« Les mères célibataires sont une infamie pour la société tunisienne » et « ne devraient pas aspirer à un cadre légal qui protège leurs droits », avait-elle asséné fin 2011 sur les antennes de la radio Monte Carlo Doualiya.

Des propos « sortis de leur contexte », explique-t-elle à l’AFP, dans son bureau orné de ses diplômes et de photos de ses enfants. Elle assure s’être excusée et avoir depuis mûri et gagné en expérience politique.

« C’est une responsabilité difficile », reconnaît-elle, mais « je suis prête ». « Avec l’expérience politique que j’ai acquise ces dernières années, je peux assumer des responsabilités ».

Si elle ne s’est lancée en politique qu’en 2011, elle milite depuis sa jeunesse, membre pendant ses études de l’Union générale tunisienne des étudiants (UGTE), syndicat étudiant islamiste dissout sous Ben Ali.

Elle a été arrêtée et emprisonnée durant deux semaines après être intervenue dans une rixe dans un restaurant universitaire, à une époque où les tensions étaient vives entre étudiants gauchistes et islamistes. Elle a été renvoyée de la faculté, avant de pouvoir reprendre ses études, une fois l’affaire classée.

Depuis 2014, elle avait disparu du paysage public ou presque — elle a été chroniqueuse quelques mois sur une télévision privée en 2016.

Appréciée de la base d’Ennahdha, elle insiste sur la nécessité de « réussir la décentralisation pour rétablir la confiance des citoyens et des jeunes ».

Et la seule solution pour elle est de continuer à l’échelle locale le « consensus », ce mariage arrangé entre Ennahdha et le parti présidentiel Nidaa Tounès, nécessaire pour réunir une majorité absolue lors de l’élection du maire de Tunis. Quitte à devoir céder la place si les partis en décident ainsi.

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