Le Conseil militaire de transition et l’opposition civile au Soudan ont officiellement signé ce samedi 17 août un accord qualifié d’historique supposé mettre fin à huit mois d’une crise politique majeure dans le pays, ayant fait des centaines de morts et mené à la chute du régime du président déchu Omar el-Béchir, rapportent plusieurs médias.
L’accord a été signé lors d’une cérémonie qui s’est déroulée à Khartoum en présence de chefs d’États, de Premiers ministres et d’autres dignitaires de plusieurs pays. Le document de l’accord a été signé samedi par Mohammed Hamdan Daglo dit Hemedeti, numéro 2 du Conseil militaire, et Ahmed Al-Rabie, représentant de l’Alliance pour la Liberté et le Changement (ALC), fer de lance de la contestation.
L’accord prévoit le partage du pouvoir en alternance entre l’armée et les civils durant une phase de transition qui doit durer trois ans et trois mois (39 mois) pour déboucher sur l’organisation d’élections nationales. Le pays sera dirigé durant cette période par un « Conseil souverain » qui sera composé de onze membres, six civils et cinq militaires. Les noms des membres seront annoncés ce dimanche.
Un représentant de l’armée présidera le conseil durant les 21 prochains mois, avant d’être remplacé par un civil lors des 18 mois suivants. Abdallah Hamdok, ex-économiste de l’Onu, a quant à lui été désigné par les civils pour devenir Premier ministre du futur gouvernement de transition.
La composition de son gouvernement devrait être détaillée le 28 août prochain, où 18 ministres seront nommés par les civils tandis que les ministres de la Défense et de l’Intérieur seront nommés par le Conseil militaire de transition.
L’accord, parrainé par les médiateurs de l’Éthiopie et de l’Union africaine, intervient après plusieurs mois de tensions ayant suivi la destitution par l’armée du président Omar El-Béchir en avril, période durant laquelle les militaires avaient tenté de s’accaparer exclusivement le pouvoir. Les tensions avaient atteint leur paroxysme début juin lorsque les militaires soudanais ont réprimé dans le sang un sit-in des manifestants devant le QG de l’armée, faisant plus de 130 morts et entraînant la condamnation de la communauté internationale.
La signature de l’accord représente surtout la fin d’un douloureux chapitre de huit mois pour les Soudanais. Un chapitre débuté le 19 décembre 2018 lorsque des centaines de Soudanais sont sortis manifester dans plusieurs villes après la décision gouvernementale de tripler le prix du pain dans un contexte de crise économique.
Quatre mois de protestations et de répressions ont mené à la destitution le 11 avril 2019 du président Omar el-Béchir, à la tête du pays pendant trente ans après avoir pris le pouvoir en 1989. Ce dernier est depuis en prison après avoir été inculpé avec ses proches pour « le meurtre de manifestants » durant les protestations contre son régime. Le nombre de victimes civiles des répressions durant la crise se compte par centaines.