La police soudanaise a donné mardi 75 coups de fouet à une femme reconnue coupable d’avoir épousé un homme sans le consentement de son père, a indiqué son avocate et des militants des droits de l’Homme.
Cette femme originaire de la région du Darfour (ouest) déchirée par la guerre a été fouettée dans un poste de police à Omdurman, ville voisine de la capitale Khartoum, après avoir purgé six mois de prison.
« Elle a purgé sa peine de six mois de prison et aujourd’hui elle a reçu 75 coups de fouet (…) », a déclaré à l’AFP son avocate, Azza Mohamed Ahmed.
Selon Mme Ahmed, sa cliente a été jugée après que son père eut refusé d’approuver son mariage avec un homme de son choix. « Elle et l’homme se sont ensuite mariés et ont vécu ensemble pendant un an », a-t-elle expliqué, ajoutant qu’ils avaient désormais un bébé de deux mois.
« Sa famille a ensuite porté plainte contre elle, l’accusant de vivre illégalement avec un homme et d’avoir des relations sexuelles hors mariage. »
Mme Ahmed a affirmé que le tribunal avait déclaré sa cliente coupable de s’être mariée sans le consentement de son père, contrairement à ce qu’exige la loi de ce pays musulman. Son mari a, lui, été condamné à deux ans de prison.
L’avocate a précisé que sa cliente était désormais libre et devait regagner son domicile, où elle vivait avec son mari.
Contacté par l’AFP, Amnesty International a confirmé la condamnation et la flagellation de la femme, affirmant qu’elle suivrait le dossier.
Une militante des droits des femmes a déclaré avoir assisté à la flagellation. « Je tenais son bébé dans mes bras alors que cela se déroulait devant moi », a déclaré Tahani Abbas, membre de l’ONG soudanaise Don’t Oppress Women.
« Ce fut une scène très douloureuse, surtout pour une militante des droits des femmes. »
Jeudi, un autre tribunal a condamné à mort Noura Hussein Hamad pour avoir tué un homme qu’elle avait été forcée d’épouser à l’âge de 16 ans.
Amnesty International a assuré que la jeune femme de 19 ans avait poignardé son mari par légitime défense après avoir été violée. Mais un tribunal l’a reconnue coupable de « meurtre intentionnel ».
Des ONG font campagne pour dénoncer les unions forcées et le mariage des mineures au Soudan, où la loi autorise le mariage à partir de 10 ans.