La condamnation à mort par un tribunal soudanais d’une adolescente accusée d’avoir tué son mari violeur en position de légitime défense a soulevé samedi une vague d’indignation, des militants des droits humains appelant à « sauver » la jeune femme.
Noura Hussein Hammad a été condamnée à mort jeudi pour avoir tué Abdel Rahmane Hammad, que son père l’avait forcée à épouser quand elle avait 16 ans, la loi soudanaise autorisant le mariage des enfants de plus de 10 ans.
« Noura est une victime et pas une assassin. Noura a été violée par son mari », s’indigne la romancière soudanaise Hamour Zyada sur sa page Facebook, alors que circule sur la toile le hashtag #justicefornoura.
En avril 2017, la jeune femme avait dû, après avoir terminé ses études secondaires, déménager chez son mari. Mais lorsque Noura Hussein a refusé de consommer son mariage, son mari a appelé deux de ses frères et un cousin pour qu’ils l’aident à la violer, a indiqué l’organisation de défense des droits de l’Homme Amnesty International.
« Le 2 mai 2017, les trois hommes ont tenu Noura Hussein pendant qu’Abdel Rahmane l’a violée. Le lendemain, il a à nouveau essayé de la violer, mais elle a réussi à s’échapper dans la cuisine où elle a attrapé un couteau. Dans la bagarre qui s’ensuivit, M. Abdel Rahmane a succombé à des coups de couteau », a rapporté Amnesty.
Noura Hussein est alors rentrée chez elle et son père l’a remise à la police.
Lors de son procès en juillet 2017, le tribunal l’a déclarée coupable d' »homicide volontaire » après avoir appliqué une vieille loi qui ne reconnaît pas le viol conjugal.
« Nous devons tous nous unir pour sauver Noura et nous battre contre le viol marital », écrit sur Facebook la militante soudanaise pour les droits des femmes Amal Habani.
« La façon avec laquelle sa famille l’a traitée arrive tout le temps dans notre communauté. Nous devons lutter pour elle », a insisté Amjad Fareed qui milite pour des réformes politiques.
« Tous les Soudanais, les militants et les organisations de défense des droits des femmes doivent s’unir », a tweetté de son côté le militant pour les droits féminins Amani Ahmed.
Plusieurs militants pour les droits humains ont changé leur photo de profil sur Facebook et Twitter pour mettre à leur place la représentation d’une femme, en référence à Noura.
Noura, dont le rêve était de devenir enseignante, est détenue dans une prison pour femmes depuis mai 2017.
« La peine de mort est le châtiment le plus cruel, inhumain et dégradant. L’appliquer à une victime ne fait que souligner l’échec des autorités soudanaises à reconnaître la violence qu’elle a endurée », a déclaré jeudi le directeur régional adjoint d’Amnesty International, Seif Magango, dans un communiqué.
Au cours des dernières années, des ONG et des militants des droits des femmes et des enfants ont multiplié les campagnes contre les mariages forcés, notamment de mineures, un phénomène répandu au Soudan.