Depuis quelques mois, ça ne va pas trop fort pour le Maroc et son lobbying en Europe. L’affaire du journaliste Rachid M’barki, soupçonné d’avoir fait passer des contenus favorables au Maroc sur l’antenne de BFMTV, vient de connaître son épilogue.
Le journaliste a été licencié et ce n’est peut-être pas fini pour lui et son pays d’origine. La direction de la chaîne a déposé plainte et de nouvelles révélations pourraient être faites au cours du procès qui s’annonce.
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L’affaire M’barki a éclaté au moment où le royaume était éclaboussé par un scandale de grande ampleur.
En décembre dernier, la justice belge a mis au jour un vaste système de corruption de députés européens par deux Etats étrangers, le Qatar et le Maroc.
Il s’est avéré au cours de l’enquête que ce sont les services marocains qui ont mis en place de longue date le réseau de corruption.
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Au moins deux noms de responsables marocains ont été cités : Abderrahim Atmoun, ambassadeur du royaume en Pologne, et Mohamed Belahrech, officier de la DGED (renseignement extérieur).
Début février, le magazine Politico a révélé que la chaîne d’information française BFMTV a été victime d’une ingérence d’États étrangers qui auraient orienté ses contenus éditoriaux.
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Le mis en cause, c’est le journaliste d’origine marocaine Rachid M’barki, présentateur du « Journal de la nuit » sur BFMTV. Des contenus « troubles » ont été diffusés par le journaliste sans passer par les « circuits de validation habituels », selon la direction de la chaîne française.
Dans un des reportages diffusés, le Sahara occidental, terme utilisé habituellement en France, est présenté comme le « Sahara marocain », désignation qu’utilise la propagande marocaine.
Et ce n’est qu’un exemple. Plusieurs contenus similaires ont été identifiés. Le journaliste, dans la boîte depuis 17 ans, soit depuis sa création, a été suspendu avec effet immédiat et une enquête interne a été ouverte.
BFMTV dépose plainte et licencie Rachid M’barki
Tout en se défendant d’avoir agi sciemment, Rachid M’barki n’a pas exclu la possibilité de s’être « fait avoir ».
Néanmoins, les médias français ont retrouvé dans les archives des déclarations qui l’enfoncent, comme ce passage dans lequel il assurait au site marocain Le 360.ma, qu’il essayait d’ « agir » à sa « manière » « pour faire briller le Maroc ».
Après son enquête interne, la décision de la direction de la chaîne d’information est révélée ce jeudi 23 février. Selon le magazine Télérama, le directeur de BFMTV, Marc-Olivier Fogiel, a annoncé ce matin aux employés le licenciement de leur collègue Rachid M’barki à partir du 21 février.
Dans son mail aux salariés, M. Fogiel a indiqué que les « manquements » constatés étaient « de la seule responsabilité d’un journaliste ». Rachid M’barki a commis une « faute grave » en ne respectant pas « les règles en vigueur au sein de la rédaction ».
Le directeur de BFMTV a annoncé en outre qu’une plainte contre X a été déposée hier, mercredi 22 février.
Si la plainte débouche sur un procès, des révélations pourraient être faites sur les procédés utilisés par le Maroc pour infiltrer les médias étrangers.
Cette sentence est tombée quelques jours après la décision du Parlement européen d’interdire l’accès à son siège aux représentants du Maroc, contenue dans une résolution adoptée le 16 février.
Le 19 janvier, la même institution avait condamné les atteintes à la liberté de la presse au Maroc. Deux résolutions défavorables en quelques semaines, cela n’est jamais arrivé pour le royaume.