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Soutien de la France au Maroc sur le Sahara occidental : ce que l’Algérie doit faire, selon Rahabi

Soutien de la France au Maroc sur le Sahara occidental : ce que l’Algérie doit faire, selon Rahabi

Sahara occidental - France Par Oleksii / Adobe Stock pout TSA
Sahara occidental - France

L’ancien ministre et diplomate Abdelaziz Rahabi livre sa lecture de la décision de la France de s’aligner sur la position marocaine vis-à-vis de la question du Sahara occidental.

Le président Emmanuel a signifié au roi Mohammed VI, dans une lettre divulguée le 30 juillet, que la France considère désormais le plan d’autonomie marocain comme « seule base » de règlement du conflit sahraoui.

Dans une contribution publiée dans l’édition de ce mardi 6 août du quotidien El Watan, l’ancien ambassadeur d’Algérie en Espagne Abdelaziz Rahabi estime qu’il ne s’agit pas d’une « inflexion » de la position française sur le dossier qui, selon lui, « n’a pas changé depuis 1975 », rappelant que cette année-là, l’aviation française était intervenue contre les colonnes du Polisario.

 Soutien de la France au Maroc sur le Sahara occidental : l’analyse de Abdelaziz Rahabi

Le soutien de la France à l’occupation par le Maroc de l’ancienne colonie espagnole était une manière pour le président français de l’époque, Valéry Giscard d’Estaing, de « compenser » au roi Hassan II les « terres algériennes qu’il n’avait pas obtenues du général De Gaulle », dans un geste qui participe de l’esprit de la conférence de Berlin qui a dépecé les grands royaumes et empires d’Afrique en 1885, analyse Rahabi. C’est « l’anthropologie coloniale » qu’il faudra convoquer et non la « géopolitique » pour comprendre la dernière initiative du président Macron.

Tout au long de sa présidence, Giscard d’Estaing a tenté de faire céder l’Algérie par toutes formes de « chantage » notamment sur le séjour des Algérien en France et particulièrement l’accord de 1968.

Le plan d’autonomie marocain a été conçu dans le même esprit en 2006 sous Jacques Chirac avant d’être repris en 2007 par Nicolas Sarkozy, rappelle le diplomate algérien.

Prétendre que le destin du Sahara occidental est « consubstantiel à la qualité des relations algéro-françaises », c’est  prendre le risque  de présenter l’Algérie comme « un pays sans doctrine anticolonialiste » et de la mettre « en porte-à-faux » avec sa propre identité et avec « les principes les plus élémentaires des droits humains et des peuples à la libre détermination », souligne-t-il.

« Même si elle n’a aucun effet juridique tout comme celle de (Donald) Trump » qui a reconnu la « souveraineté marocaine » sur le Sahara occidental en décembre 2020 en échange de la normalisation des relations entre le Maroc et Israël, la lettre de Macron à Mohammed VI « fait abstraction du peuple sahraoui » et « s’arroge le droit napoléonien  de concéder des souverainetés comme du temps béni  des Empires », juge l’ancien ambassadeur d’Algérie à Madrid.

Le tête-à-tête avec l’Europe « coûte cher » à l’Algérie

En réalité, poursuit-il, la dernière initiative française s’explique par le fait que le Maroc « est un  fidèle  allié historique de l’Occident », « soutenu inconditionnellement par les pays du Golfe » et il est le « seul ami d’Israël dans notre région ».

L’Algérie, elle, est rangée suite à l’affirmation du Sud global comme acteur majeur, parmi « les pays  présentés comme hostiles à l’Occident », en plus de sa position sans concessions sur la question palestinienne.

« Cette situation, même si elle n’est pas nouvelle, réclame la révision de certains paradigmes dans la géopolitique de l’Algérie », suggère Abdelaziz Rahabi. L’Algérie est « un marché sans barrières tarifaires » pour l’Europe, son fournisseur d’énergie et le garant de la stabilité des frontières avec le Sahel, ce qui réduit les flux migratoires (que le Maroc ou la Turquie utilisent  comme levier diplomatique). L’Algérie coopère aussi sur les questions du terrorisme « sans en tirer des dividendes conséquentes sur le plan diplomatique ».

"Ce tête-à-tête avec l’Europe nous coûte sur tous les plans, alors que notre pays satisfait aux conditions qui le qualifient à une vocation universelle pour peu que nous ayons l’ambition d’accomplir quelque chose de grand« , regrette le diplomate algérien, estimant qu’il est temps de »sortir de la logique de la  géographie comme socle exclusif de la géostratégie et prendre nos décisions conformément à nos intérêts".

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