Presque effacés de la scène politique depuis le 22 février, contraints au silence par la dynamique populaire, les partis de l’Alliance présidentielle sont sortis de leur mutisme cette semaine pour appuyer le discours du chef d’état-major de l’armée tenu lundi à Ouargla.
Alors qu’ils sont en proie à des crises internes, le FLN et le RND qui ont soutenu le cinquième mandat, puis le report de l’élection et la démission du président Bouteflika, ont apporté leur soutien à la tenue de l’élection présidentielle.
« Le RND exprime sa conviction de la nécessité d’organiser les élections afin de sortir de cette situation pour entrer dans la phase de réformes radicales », a réagi ce mardi le parti d’Ahmed Ouyahia dans un communiqué. « Dans ce cadre, le RND soutient la proposition du chef d’état-major de hâter la mise en place d’une instance pour l’organisation et la supervision des élections ainsi que son appel au peuple à la vigilance (…) », ajoute le texte.
Pour sa part, le FLN a réitéré son « soutien total à la position nationaliste et souveraine de l’Armée nationale populaire dans le traitement de la crise politique qui touche le pays ». Selon un communiqué signé par le nouveau secrétaire général Mohamed Djemai, le FLN salue « la sagesse, la vision, l’engagement et la cohérence de l’ANP avec les revendications populaires légitimes, dans la paix et l’assurance ». Pour l’ex-parti unique, « les solutions à la crise sont celles qui découlent de la Constitution et qui s’appuient sur une jurisprudence tirée de la loi fondamentale, et non en dehors ».
TAJ d’Amar Ghoul et le MPA d’Amara Benyounes ont adopté des positions similaires. « Le MPA, tout en réitérant son soutien à une solution politique, réaffirme son attachement à un processus constitutionnel, seul à même d’épargner au pays des errements préjudiciables, qui pourraient hypothéquer son avenir immédiat. Ainsi, l’organisation dès que possible d’une élection présidentielle, garantie par des mécanismes de gestion indépendants et transparents serait la solution idoine et démocratique pour une sortie de crise, et l’avènement d’un pouvoir politique légitime issu d’urnes transparentes », écrit le MPA dans un communiqué non sans rendre un hommage à l’ANP. Seuls manquent à l’appel l’UGTA et le FCE ainsi que les organisations satellites.
Ces réactions intervenues presque simultanément suscitent des interrogations dans un contexte où le régime montre des signes de durcissement à l’égard des principales revendications populaires. On ignore si ces partis ont été « instruits » pour réagir, ce qui pourrait préfigurer d’une nouvelle stratégie du régime pour reprendre la main. Ou cherchent-ils à afficher leur disponibilité à accompagner le régime dans une nouvelle phase ?
Une chose est sûre, c’est la première fois que ces partis réagissent avec une telle célérité à un discours de Gaid Salah. Ils ne l’ont pas fait lorsque Gaid a appelé à la mise en application de l’article 102, ni lorsqu’il avait menacé la « bande ».
Leur réaction intervient après que Gaid Salah se soit interrogé sur « l’absence flagrante des personnalités nationales, des élites et des compétences nationales face aux événements et évolutions accélérés que connait notre pays et qui requièrent des propositions constructives à même de rapprocher les points de vue divergents ».
Ces partis ont-ils perçu dans cette affirmation une invitation à s’impliquer davantage dans la « feuille de route » qu’entend mener Ahmed Gaid Salah ? Rien n’est exclu. Mais un soutien des partis de l’Alliance présidentielle constitue aujourd’hui plus un boulet pour le patron de l’armée qu’un réel appui pour la mise en place de sa feuille de route.