Si depuis le début du ramadan, la solidarité a montré le bon côté des Algériens, la spéculation, la hausse des prix, la frénésie d’achat et le stockage des produits alimentaires ont fait ressortir un mauvais côté.
Leur comportement jugé par certains “irrationnel” est pointé du doigt pour tenter de justifier les tensions qui règnent sur des produits de première nécessité, à commencer par l’huile de table et la semoule.
| Lire aussi : Huile, médicaments : l’Algérie face à la « maladie » de la spéculation
En effet, malgré les assurances du gouvernement quant à la disponibilité de ces produits pendant le mois de ramadan, le constat est là : la farine et la semoule se font rares aujourd’hui dans le pays.
Pour pouvoir s’en procurer, il faut parfois faire de longues files d’attente devant les magasins. Il n’est pas rare de voir les gens se bousculer, devant les points de vente, pour un simple bidon d’huile ou un sac de semoule.
“S’il y a pénurie, c’est à cause du consommateur et des achats massifs. Nous avons vu des citoyens acheter 20 à 25 litres d’huile. Dans chaque ménage, on retrouve d’importants stocks, que ce soit de la semoule, l’huile de table et même le lait en sachet”, explique à TSA M. Hazab Benchohra, le secrétaire général de l’Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA),
Un comportement dénoncé, aussi, par le président de l’Association algérienne de protection et d’orientation du consommateur et de son environnement (Apoce), Mustapha Zebdi.
“C’est un comportement que nous condamnons fortement et que nous dénonçons, et pour lequel nous sommes actuellement en train de mener des campagnes de sensibilisation”, a-t-il dit.
Pourquoi cette frénésie d’achat ? Les intervenants avancent deux théories différentes. Le secrétaire général de l’Union générale des commerçants et artisans algériens met en cause les réseaux sociaux.
“Il y a une propagande en ligne. Sur Facebook, il y a des gens qui déblatèrent et qui soutiennent qu’il y aura des pénuries. Malheureusement, les citoyens les croient. Il faudrait aussi impérativement changer les modes de consommation”, a-t-il dit .
De son côté, le président de l’Apoce appelle à rétablir un lien de confiance avec les consommateurs. “On peut comprendre le comportement du consommateur. Il ne fait pas confiance au marché. C’est pour cela qu’il réagit ainsi”, a-t-il estimé.
Outre la sensibilisation, M. Zebdi appelle à travailler sur les facteurs qui poussent les consommateurs à adopter de tels comportement, et insiste sur l’importance de la régulation du marché.
“On doit veiller à ce que tous les produits soient disponibles au juste prix et intervenir lorsqu’il y a une perturbation sur le marché. Nous devons cerner et comprendre le comportement du consommateur de façon à rétablir le lien de confiance entre lui et le marché. C’est comme ça que son comportement pourra éventuellement changer”, a-t-il déclaré.
Le fléau de la spéculation
Bien avant le ramadan, de nombreux produits de première nécessité sont pris en otage par des spéculateurs.
Pour la seule journée de lundi, dans la wilaya de Boumerdès, une quantité de 16.900 litres d’huile de table, destinée à la spéculation, a été saisie, selon les services de sécurité.
A Jijel, ce sont pas moins 160 sacs de semoules de 25 kg chacun, destinés à la spéculation, qui ont été saisis par la Gendarmerie nationale dans l’une des opérations qu’elle ont menées.
A Sidi Bel Abbes, la Gendarmerie nationale a saisi plus 300 quintaux de blé destinés à la spéculation, alors qu’à Batna le montant des produits en tout genre destinés à la spéculation saisis par la Gendarmerie s’élève à plus de 55 millions de dinars.
Une quantité de 1243 tonnes de bananes destinées à la spéculation a été saisie par les services de la Sûreté nationale à Alger et dans plusieurs wilayas, ont annoncé mardi les services de sécurité. Cette saisie survient alors que le prix de la banane a fortement augmenté depuis le début du Ramadan pour frôler la barre des 1.000 dinars le kilo.
“Il est inadmissible que certains opérateurs spéculent et laissent le consommateur dans le besoin, dans l’unique but d’engendrer des gains supplémentaires”, dénonce le président de l’Apoce.
Selon lui, la nouvelle loi contre la spéculation, qui prévoit des peines d’emprisonnement pouvant aller jusqu’à 30 ans à l’encontre des spéculateurs, va permettre de combattre ce fléau dans le pays.
“L’application de la loi n’en est qu’à son début. Au fur et à mesure, les choses vont rentrer dans l’ordre”, a-t-il déclaré.