Parmi les nombreuses belles choses que les Algériens ont découvert à l’occasion des Jeux méditerranéens qui se tiennent à Oran depuis le 25 juin, le magnifique stade de Sig qui abrite les épreuves du tournoi de football.
Un véritable joyau. D’une capacité de 20 000 places, ses gradins sont entièrement couverts. Beaucoup se demandent sans doute comment une petite localité a pu bénéficier d’une importante enceinte sportive alors que de grandes villes ayant des clubs de dimension continentale en sont dépourvues.
Sig est une commune à vocation agricole de la wilaya de Mascara, à quelque 400 kilomètres à l’ouest d’Alger, à 43 kilomètres à l’est d’Oran.
La région de 70 000 habitants a donné son nom à la célèbre variété d’olive de table, « la sigoise », qui fait sa réputation et sa prospérité. Avec plus de 5 000 hectares d’oliveraies, 200 conserveries d’olives et une zone industrielle très active, elle est la commune la plus riche de la wilaya de Mascara.
Comme toutes les villes d’Algérie, Sig vibre pour le football. Son club le plus connu est le Hilal de Sig, qui n’est toutefois jamais allé plus haut que la deuxième division.
Pourquoi alors la doter de l’un des plus beaux stades d’Algérie ? La réponse est simple : aussi beau et impressionnant soit-il, le stade de Sig, comparé aux autres infrastructures sportives livrées ou en construction à travers le pays, n’a presque rien coûté.
Selon la direction de la jeunesse et des sports de Mascara, citée en mars 2021 par l’agence officielle APS, l’infrastructure avec ses dépendances, dont un terrain réplique pour les entraînements, a coûté en tout et pour tout 1,7 milliard de dinars, soit l’équivalent 12 millions d’euros.
20 000 places entièrement couvertes, deux terrains en gazon naturel d’excellente qualité, un parking et tous les services qui font qu’un stade soit moderne, le tout pour une telle modique somme, on croit rêver. Et ce n’est pas fini.
Tous les travaux, y compris la pose de la pelouse, ont été réalisés par des entreprises algériennes, sans aucun retard. Le chantier a été lancé en 2014 et livré dans les délais.
Gigantisme coûteux et inutile
Pour avoir une idée de la prouesse, le stade de Tizi-Ouzou, lancé depuis 15 ans, a déjà englouti 30 ou 40 fois plus d’argent que celui de Sig et est toujours à l’état de chantier qui ne sera sans doute pas livré avant longtemps encore.
A sa réception, le stade de 50 000 places aura coûté dans les 400 millions d’euros, selon diverses estimations, dont une grande partie transférée à l’étranger car les travaux ont été réalisés par des consortiums, algéro-espagnol, puis algéro-turc.
La même chose peut être dite des deux autres stades en construction à Baraki et Douéra (Alger). Celui d’Oran, construit en prévision des JM et doté de 40 000 places, a coûté environ 220 millions d’euros.
Le stade de Sig a été aussi réalisé pour les Jeux méditerranéens en cours et s’il a été homologué par le comité international des jeux, c’est qu’il répond aux normes internationales, donc apte à abriter des rencontres de coupe d’Afrique des nations ou de toute autre compétition internationale.
Pourquoi donc dépenser des centaines de millions de dollars pour avoir des infrastructures aux normes internationales alors que le pays peut se les offrir à moindre coût ?
Le stade de Sig en est la preuve irréfutable. Avec ce qui a été dépensé pour le seul stade de Tizi-Ouzou, l’Algérie pouvait doter presque toutes ses wilayas de beaux petits stades comme celui de Sig.
Des dépenses énormes et inutiles qui sont dues à plusieurs facteurs : manque de maîtrise des projets, surfacturation et un certain goût pour le gigantisme.
L’Algérie, et tout autre pays de sa taille, a besoin d’un seul stade de grande capacité, pour les cérémonies d’ouverture ou de clôture des grandes compétitions et les grandes finales.
Pour le reste, les enceintes de moyenne capacité constituent la tendance même chez certains grands clubs européens, car plus faciles à remplir et à entretenir, donc plus rentables.
Les gradins pleins à craquer du stade de Sig ne sont-ils pas parmi les plus belles images qu’on a vues jusque-là dans ces JM d’Oran 2022 ?