L’Algérie subit le double impact de la baisse des précipitations et de la hausse des besoins en eau des ménages, de l’agriculture et de l’industrie, ce qui la met en situation de stress hydrique.
Les scénarios élaborés pour l’Algérie ne sont toutefois pas alarmistes, du moins en comparaison avec certains pays très fortement menacés de graves pénuries d’eau dans les décennies à venir, notamment ceux de son voisinage.
De plus, la stratégie algérienne en la matière, qui vise désormais à s’affranchir des aléas de la météo en privilégiant le dessalement de l’eau de mer, devrait atténuer les effets du réchauffement et des sécheresses qui devraient toucher plusieurs régions de la planète, notamment l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient. Le choix du dessalement est d’autant plus judicieux que les deux tiers de la population algérienne se concentrent le long de la bande littorale sur la Méditerranée.
L’Algérie a entamé la diversification de ses ressources à partir des années 2000, utilisant les eaux de surface (barrages), les eaux souterraines (forages) et les eaux non conventionnelles (dessalement d’eau de mer et épuration des eaux usées).
Elle compte aujourd’hui 80 barrages, dont 65 effectivement exploités, d’une capacité totale de plus de 9 milliards de mètres cubes. Cinq autres sont en construction et le pays envisagé de porter le nombre de ces infrastructures à 139 à l’horizon 2030.
En 2003, un ambitieux programme de réalisation de stations de dessalement a été lancé. Sur les 13 stations prévues dans les wilayas côtières, 11 ont été réalisées. Les programmes complémentaires lancés ces dernières années ont permis la réception de trois nouvelles stations et cinq autres devraient l’être en cette année 2024.
La part du dessalement dans l’approvisionnement en eau potable devrait passer à 25%, contre 17% jusque-là, selon le ministère des Ressources en eau. À terme, l’Algérie ambitionne de porter cette proportion à 42 puis à 60%.
Cette politique devrait permettre de dégager des quantités d’eaux des barrages pour l’industrie et l’agriculture. Ce dernier secteur devrait aussi bénéficier des eaux des stations d’épuration, dont un important programme de traitement est également en cours.
Stress hydrique dans le monde : le classement de l’Algérie
Grace à ces infrastructures, l’Algérie peut continuer à assurer un approvisionnement acceptable des populations, de l’industrie et de l’agriculture. D’autant plus que les schémas des organismes internationaux ne placent pas le pays dans la pire catégorie concernant les sécheresses à venir, bien qu’il soit attendu qu’il enregistre une baisse de 20 % des précipitations d’ici à 2050.
L’Atlas des risques liés à l’eau du World ressources institute (WTI) a dressé une liste de 25 pays fortement menacés par le stress hydrique à l’horizon 2050 et l’Algérie n’y figure pas, même si c’est de justesse.
Ces pays abritent un quart de la population mondiale et devraient consommer chaque année la quasi-totalité de leur réserve d’eau disponible, tandis qu’au moins la moitié de la population mondiale connaîtra des conditions de stress hydrique extrême pendant au moins un mois par an.
Même si les scénarios les plus optimistes de limitation du réchauffement climatique entre 1,3 et 2,4 degrés se concrétisent, il y aura en 2050, un milliard de personnes de plus en situation de manque grave d’eau dans le monde.
Dans son étude, le WRI a identifié cinq pays très fortement menacés, dont quatre sont des États arabes. Il s’agit du Bahreïn, Chypre, Koweït, Liban et Oman. Les autres pays du top 10 sont tous des États du Moyen-Orient (Qatar, Émirats arabes unis, Arabie saoudite, Israël et Égypte).
Dans la liste des 25 pays les plus menacés, on retrouve deux pays maghrébins (Tunisie et Libye) et même certains États européens, comme la Belgique, la Grèce et Saint-Marin. Il y a aussi le Yémen, le Botswana, l’Iran, la Jordanie, le Chili, la Namibie, l’Afrique du Sud, l’Irak, l’Inde et la Syrie.
L’Algérie, classée à la trentième place, est moins menacée que le Maroc (27e) ou encore l’Espagne (29e).