Une ouverture au fond du jardin dans la haie séparant la maison familiale du terrain de football, une clôture que franchissait le petit Eden Hazard en se glissant sous une planche : le stade “Sans Fond” de Braine-le-Comte porte toujours les traces des premiers pas de la star des Diables Rouges.
Entre la modeste demeure qui a vu grandir Eden et ses trois frères cadets, et le terrain du Stade Brainois, il n’y a que quelques buissons. Une haie que l’actuel joueur de Chelsea malmenait quotidiennement pour aller taper la balle, dès qu’il fut en âge de le faire.
“Eden avait cinq ans, il était trop petit pour passer au-dessus de la clôture en bois: il avait trouvé un espace pour se faufiler en-dessous puis monter sur le terrain de foot”, raconte à l’AFP son père Thierry, l’un de ses premiers entraîneurs.
Entre cinq et dix ans, Eden va porter le maillot d’un club marqué par trois générations de Hazard : le grand-père Francis, membre fondateur du Stade Brainois en 1969, Thierry le papa, ex-joueur (D2 belge), puis Eden et ses frères, dont Thorgan aujourd’hui au Borussia Mönchengladbach et également Diable Rouge.
Si Eden est devenu l’une des icônes de la planète football, il le doit en partie aux centaines d’heures passées à taper le cuir sur le gazon jouxtant son propre jardin.
“Il n’y avait pas de balançoire chez les Hazard. Rien que des ballons. Ceux d’Eden mais aussi ceux que les joueurs de Braine envoyaient maladroitement au-dessus de la clôture”, racontait en 2016 à l’AFP Pascal Demoitiez, dirigeant historique du club.
Un homme qui a assisté à l’éclosion d’Eden, en “comprenant rapidement que le gamin avait quelque chose de plus que les autres”.
– “Papa, on a un surdoué” –
“Milieu des années 1990 (Eden avait six ou sept ans), alors que le terrain venait d’être réensemencé, je me souviens avoir grondé un enfant qui y jouait alors que c’était interdit. J’ai reconnu Eden qui, pieds nus et depuis les seize mètres, envoyait systématiquement le ballon dans la lucarne. J’avais été époustouflé par ce gamin haut comme trois pommes”, se souvient Pascal Demoitiez.
Son premier entraîneur officiel, Michaël Pauly, a rapidement été convaincu que le petit Eden deviendrait grand.
“Après un premier entraînement, j’ai dit à mon père (alors président du club): +Papa, on a un surdoué+. C’était Eden.”
Le talent du joueur est évident. Lors de chaque tournoi, même face à de prestigieuses équipes venues de l’étranger, il est systématiquement désigné meilleur joueur.
“Il fallait être aveugle pour ne pas se rendre compte de ses qualités”, note Thierry Hazard. “Mais nous lui avons dit de ne pas trop rêver à une carrière pro. On ne sait jamais ce que la vie peut nous réserver : je ne voulais pas qu’il tombe de haut.”
Jusqu’à ses dix ans, Eden va régaler le Stade Brainois dont les dirigeants regrettent de ne bénéficier d’aucune indemnité pour la formation de ce bijou. Les indemnités ne sont versées qu’à partir de dix ans, l’âge d’Eden quand il a quitté Braine-le-Comte (à 50 km de la frontière française) pour le club de Tubize en D2 belge.
Ensuite, l’histoire est connue : Hazard rejoint le centre de formation de Lille à 14 ans avant ses débuts en Ligue 1 dès l’âge de 16 ans.
Le Diable Rouge est aujourd’hui une star à Chelsea, a éjecté Neymar du Mondial russe et va maintenant défier les Bleus en demi-finale mardi à Saint-Pétersbourg.