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Syrie : les tensions montent entre les États-Unis, la Russie et l’Iran

La guerre en Syrie serait-elle sur le point de dégénérer ? Ce conflit a connu en ce début de semaine une dangereuse escalade après qu’un avion de l’armée syrienne ait été abattu par l’armée américaine, tandis qu’en parallèle l’armée iranienne a lancé ses premiers missiles depuis son territoire en visant des positions tenues par l’État islamique en Syrie.

L’avion bombardier de type Sukhoï Su-22 syrien a été abattu dimanche 18 juin par deux avions de chasse américains à proximité de Raqqa, capitale de facto de l’État islamique en Syrie, selon les médias.

L’armée syrienne a déclaré que l’avion « menait une mission contre le groupe terroriste État islamique ». Néanmoins, selon le Commandement central des États-Unis (Centcom), en charge des opérations de la coalition internationale contre Daech, l’avion de l’armée syrienne a été abattu alors qu’il attaquait des combattants kurdes anti-Daech soutenus par Washington au village de Ja’Din, actuellement contrôlé par les Forces démocratiques syriennes (FDS).

L’action militaire américaine contre un avion de l’armée syrienne a provoqué l’ire de la Russie, allié majeur du régime de Bachar al-Assad. En réaction, Moscou a annoncé sa décision de suspendre le canal de communication militaire établi il y a huit mois avec les États-Unis et permettant justement à chacun des deux pays de prévenir l’autre en cas de frappes aériennes.

En outre, signe de l’escalade des tensions, le ministère de la Défense russe a annoncé que désormais les « avions et les drones de la coalition internationale repérés à l’ouest de l’Euphrate seront suivis et considérés comme des cibles par les moyens terrestres de défense antiaérienne et par les moyens aériens ».

Conséquence de la décision russe, l’Australie a annoncé ce mardi la suspension temporaire de ses missions aériennes en Syrie, « par mesure de précaution », rapporte BFM TV. Les États-Unis ont d’ores et déjà fait part de leur volonté de rétablir le canal de communication militaire avec la Russie sur la Syrie, estimant que ce canal « a très bien fonctionné sur les huit derniers mois ».

Les tensions ont également atteint une nouvelle étape en Syrie suite à l’action militaire inédite entreprise par l’Iran. L’armée iranienne a en effet de manière inédite lancé, samedi 17 juin, des missiles de moyenne portée depuis son territoire en direction de positions tenues par l’État islamique en Syrie, rapporte Europe 1. Il s’agit de la première intervention du genre entreprise par l’Iran depuis le début de la guerre en Syrie il y a plus de six ans. C’est également la première fois en trente ans, depuis la guerre avec l’Irak entre 1980 et 1988, que l’Iran tire des missiles ciblant un territoire étranger.

Selon les Gardiens de la Révolution, l’action militaire iranienne visait « la base de commandement et de regroupement (…) des terroristes à Deir Ezzor dans l’est de la Syrie », et a été menée en représailles aux attentats perpétrés le 7 juin contre le Parlement et le mausolée de l’imam Khomeiny à Téhéran, qui ont fait dix-sept morts et ont été revendiqués par Daech. Les Gardiens ont également lancé une mise en garde aux « terroristes et leurs protecteurs dans la région et hors de la région », référence à peine voilée à l’Arabie saoudite mais aussi aux États-Unis, que l’Iran accuse de soutenir les terroristes.

En parallèle, le ministre des Affaires étrangères russe a annoncé lundi une nouvelle séance de pourparlers de paix pour la Syrie à Astana, sous l’égide de la Russie, de l’Iran et de la Turquie, prévue les 4 et 5 juillet. La rencontre d’Astana devrait être justement consacrée aux « zones de désescalade » censées être instaurées en Syrie, ainsi qu’à l’accès à l’aide humanitaire et à la reconstruction du pays.

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