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Tahar Zbiri, l’homme des étapes clés de l’histoire de l’Algérie

Tahar Zbiri, l’homme des étapes clés de l’histoire de l’Algérie

Via Facebook
Tahar Zbiri

Il a vécu près d’un siècle pendant lequel il a assisté, en acteur ou en observateur, aux principales circonvolutions de l’histoire contemporaine de l’Algérie, notamment celles, cruciales, à cheval entre la guerre et l’indépendance. Tahar Zbiri, dernier colonel des Aurès, est décédé mercredi 30 octobre à Alger à 95 ans, à la veille de la commémoration du 70e anniversaire de la guerre de Libération nationale dont il fut un acteur important.

Le récit de sa vie ressemble à un roman épique où se mêlent patriotisme, bravoure, hauts faits d’armes, intrigues et vicissitudes de la politique. Dernier chef des Aurès, premier chef d’état-major de l’ANP, Zbiri est aussi l’homme qui a arrêté Ahmed Ben Bella et tenté de renverser Houari Boumediene. 

Lorsque la révolution algérienne a éclaté, le 1er novembre 1954, Tahar Zbiri était aux premières lignes, dans les Aurès, après avoir activement pris part à la préparation de l’action armée dans la région de Guelma. 

Né en 1929 à Souk Ahras, Zbiri a rejoint très jeune le mouvement national, militant notamment au sein du PPA-MTLD, parallèlement à son activité syndicale au sein de la section syndicale CGT de la mine de fer de Ouenza.  

Arrêté deux mois seulement après le déclenchement de la guerre, à la frontière algéro-tunisienne, en janvier 1955, et condamné à mort, il parviendra à s’évader de la prison de Constantine en novembre de la même année en compagnie de Mustapha Benboulaid, chef de la zone I, future wilaya I historique. 

Benboulaid tombera au champ d’honneur en mars 1956, mais Zbiri traversera indemne toute la guerre de libération. Il est d’abord un témoin direct de la crise entre les chefs des Aurès dans les premières années de la guerre. Il gravit ensuite les échelons jusqu’à devenir colonel et chef de la wilaya I en 1961. 

Tahar Zbiri, l’homme qui a arrêté Ben Bella et tenté de renverser Boumediene

En 1962, l’Algérie accède à l’indépendance et connaît déjà sa première grande crise politique avec ce qui est appelé « la guerre des wilayas » ou « la crise de l’été 1962 ». Tahar Zbiriprendra alors une décision qui changera le cours des évènements, et peut-être de l’histoire du pays. Il a mis tout le poids militaire et symbolique de la wilaya I dans le camp de l’armée des frontières contre le GPRA, le gouvernement provisoire qui a dirigé la révolution en exil, à Tunis, à partir de 1958.

La crise a pris fin, Ahmed Ben Bella est élu président de la République et le colonel Tahar Zbiri devient, en 1963, le premier chef d’état-major de l’armée nationale populaire (ANP) qui a pris le relais de l’ALN (Armée de libération nationale). 

Deux ans plus tard, il prend part au coup d’Etat qui a destitué Ben Bella, remplacé par un Conseil de la révolution dirigé par Houari Boumediene. Le 19 juin 1965, c’est Zbiri en personne qui entre dans l’appartement du chef de l’État pour lui signifier sa destitution et procéder à son arrestation. 

Dans cette période d’instabilité, l’Algérie connaîtra une autre tentative de coup d’État en décembre 1967. Cette fois, c’est le colonel Zbiri qui est aux manettes. Les unités qu’il a mobilisées pour marcher sur Alger seront toutefois bloquées à El Affroun, près de Blida, par l’aviation restée fidèle à Boumediene. 

Le putsch échoue et Tahar Zbiri prend la fuite en Tunisie. Dans ses mémoires, il expliquera qu’il reprochait à Boumediene de favoriser les officiers issus de l’armée des frontières au détriment de ceux des wilayas de l’intérieur. Avant sa rébellion, le chef d’état-major Zbiri était aussi le représentant des anciens maquisards au sein du Conseil de la révolution. 

En juillet 1968, le tribunal révolutionnaire d’Oran le condamne à la peine capitale ainsi que cinq autres officiers, les commandants Amar Mellah, Houasnia Layachi, Kara Maamar, Mebarkia Abdesselem et Mabrouk El Tayef. 

Pendant son exil, Zbiri s’est rapproché des anciens chefs de la révolution Hocine Ait Ait Ahmed et Mohamed Boudiaf. Rentré en Algérie en 1979 après la mort de Boumediene, il s’est distingué par autre coup d’éclat en signant une pétition avec d’autres anciens dirigeants de la révolution, dont notamment Lakhdar Bentobal, appelant le président Chadli Bendjedid à prendre des mesures pour asseoir la démocratie. En 2016, le président Abdelaziz Bouteflika l’a nommé sénateur dans le tiers présidentiel.

 

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