Le sujet de langue arabe du BAC 2019, qui occulte la dimension Amazighe du peuple algérien, continue de susciter la polémique. Les réactions de consternation n’ont pas tardé à fuser sur les réseaux sociaux. Des syndicalistes du secteur de l’éducation dénoncent et condamnent.
« Les vieux réflexes sont de retour ! », s’offusque Boualem Amoura, président du syndicat autonome des travailleurs de l’éducation et de la formation (Satef). « Au moment où on parle de cette révolution pacifique et de la nécessité d’unir les Algériens, un sujet pareil pousse à la division. Un tel thème ne devait tout simplement pas être abordé », relève encore M. Amoura qui n’exclut pas l’idée d’un acte prémédité.
« J’ignore ce que cherchent les concepteurs de ce sujet mais je pense que la responsabilité du ministère et de l’Office national des examens et concours (ONEC) est pleinement engagée. On pouvait bien nous épargner ce genre de sujets surtout en ce moment », accuse Amoura suggérant que le ministère de tutelle doit s’expliquer.
Lamri Zouggar porte-parole de l’Union nationale du personnel de l’éducation et de la formation (UNPEF) abonde dans le même sens. « On aurait dû peser le pour et le contre et aborder le sujet de tous les côtés avant de choisir un tel sujet », estime le syndicaliste qui pointe « une des erreurs » du ministère de l’Éducation. « A l’UNPEF nous n’acceptons pas ce genre d’erreurs qui nourrissent la haine au sein du peuple. On doit choisir des sujets qui rassemblent surtout en cette conjoncture spéciale », proclame-t-il, mettant en cause la « responsabilité morale » du ministère de tutelle.
« Voilà une preuve supplémentaire qu’on triche aussi avec l’histoire », dénonce pour sa part Meziane Meriane coordinateur du Syndicat national autonome des professeurs de l’enseignement secondaire et technique (Snapest), qui toutefois écarte l’idée que le ministre en soit préalablement au courant.
« Loin de moi l’idée de le défendre mais le ministre n’est pas au courant de la teneur du sujet soumis aux candidats du Bac. Il en prend connaissance au même titre que les candidats. Il reste à savoir comment la commission en charge de choisir les sujets a pu choisir celui-ci », soutient M. Meriane qui appelle à diligenter une commission d’enquête afin d’éclairer l’opinion sur les tenants et aboutissant de ce précédent grave.
« C’est une remise en question de la Constitution (laquelle consacre Tamazight comme langue nationale et officielle, Ndlr) », lance le coordinateur du Snapest. « L’ONEC dispose d’une banque de sujets. Trois sujets sont tirés au sort pour en choisir un. La question qui se pose est comment ce sujet a figuré parmi les trois tirés au sort ? », se demande le syndicaliste qui estime que le sujet en question aurait dû être éliminé dès le départ.