L’affaire date de février 2015. Tariq Ramadan a passé un accord confidentiel avec Majda Bernoussi, une Belge d’origine marocaine, rapporte ce mercredi 4 avril Mediapart.
Selon les informations de Médiapart et du journal belge Le Vif, le théologien suisse a versé une somme de 27.000 euros à cette quadragénaire afin qu’elle cesse ses publications en ligne où elle pointait du doigt le comportement de l’islamologue envers les femmes, faisant état de sa relation avec l’intellectuel et de son « emprise psychologique ».
Tariq Ramadan avait alors intenté une action en référé, avant qu’un jugement n’aboutisse à cet arrangement, indique France info. « Cet accord prévoit que [cette femme] retire ses publications sur le Web et cesse d’en publier de nouvelles, moyennant une somme d’argent donnée par Tariq Ramadan », déclare Luc Hennart, président du tribunal à Bruxelles où s’est actée cette décision, cité par Médiapart.
Contre cette somme d’argent, Majda Bernoussi, qui affirme avoir été la maîtresse de l’islamologue pendant cinq ans, jusqu’en 2013, s’était engagée à ne plus mentionner Tariq Ramadan sur Internet, à supprimer ses publications et à ne plus envoyer de « messages injurieux ou menaçants » au théologien ou à ses proches, relaie France info.
Un manipulateur
Si la Belgo-marocaine n’a jamais accusé de viols Tariq Ramadan, elle évoque dans une vidéo que s’est procurée Mediapart une relation « destructrice », qualifiant le théologien de « manipulateur destructeur ». Elle promettait alors de livrer un « véritable combat » contre lui et affirme que plusieurs femmes ont été « piégées ».
« Il m’a demandé de monter dans sa chambre, il a commandé à manger. Et puis, soudain, il m’a mordu le bras, jusqu’au sang (…). L’enfer du décor est stupéfiant », raconte-t-elle dans un manuscrit également récupéré par Médiapart. Tandis que Majda Bernoussi n’a pas souhaité commenter cet accord, l’avocate de Tariq Ramadan, Inès Woutezrs, a mis en avant le « respect du secret professionnel », précisant qu’un « accord transactionnel peut avoir beaucoup de raisons et notamment d’éviter un litige qui est très coûteux. »
Pour rappel, Tariq Ramadan, actuellement détenu à la prison de Fleury-Merogis (région parisienne), a été mis en examen début février par la justice française après avoir été accusé de viols par deux femmes fin octobre, tandis qu’une troisième femme a porté plainte début mars. L’accord en question n’a pas encore été versé au dossier judiciaire, précise Médiapart.