Le théologien musulman Tariq Ramadan, accusé de viols par quatre femmes et incarcéré depuis trois mois près de Paris, a vu sa première demande de remise en liberté rejetée vendredi par la justice, a appris l’AFP lundi auprès de son avocat, confirmant une information du site Muslim Post.
« Nous avons été notifiés aujourd’hui et j’ai immédiatement interjeté appel », a annoncé à l’AFP Me Emmanuel Marsigny, dénonçant une décision « invraisemblable » du juge des libertés et de la détention (JLD).
L’intellectuel musulman suisse de 55 ans, atteint d’une sclérose en plaques mais dont le traitement a été jugé compatible avec la détention, est incarcéré depuis son inculpation le 2 février à Paris pour viol et viol sur personne vulnérable. L’enquête a été déclenchée en octobre par les plaintes de deux femmes, rejointes en mars par une troisième. Une quatrième femme a déposé plainte pour viol à Genève.
« Le parquet, le magistrat instructeur et le JLD refusent de prendre en compte les éléments à décharge », a réagi l’avocat de M. Ramadan, qui pointe « les mensonges des accusatrices » et des incohérences dans leurs récits.
Transféré en mars de la prison de Fleury-Mérogis à l’hôpital de celle de Fresnes, dans la région parisienne, Tariq Ramadan avait déposé cette première demande de mise en liberté le 24 avril, quelques jours après l’expertise judiciaire qui a estimé sa détention possible à condition de « continuer à bénéficier de l’accès aux soins ».
Selon Me Marsigny, l’établissement de « Fresnes est incapable de lui assurer ses quatre séances de kinésithérapie hebdomadaire, M. Ramadan n’a eu qu’une seule de séance depuis le 26 avril ».
Confronté à la femme qui l’accuse de l’avoir violée en 2009 à Lyon, Tariq Ramadan a nié tout rapport sexuel avec elle ainsi qu’avec la première plaignante, Henda Ayari. Cette dernière, qui dénonce un viol présumé à Paris en 2012, doit être prochainement entendue par les magistrats, tout comme la troisième plaignante, qui affirme avoir été violée à neuf reprises entre 2013 et 2014 en France, à Bruxelles et à Londres.
« M. Ramadan connaît Mounia Rabbouj et s’il a eu une relation avec elle, elle n’est pas celle qu’elle a décrite », a déclaré Me Marsigny, refusant de qualifier la nature de cette relation avant l’audition le 5 juin de son client par les magistrats instructeurs.
La détention de ce petit-fils du fondateur de la confrérie islamiste des Frères musulmans a suscité un vif émoi au sein de la communauté musulmane. Certains ont dénoncé un « deux poids, deux mesures », voire un « complot » contre une des rares figures médiatiques de l’islam européen, accusée par ses détracteurs de fondamentalisme camouflé sous un discours réformiste.