Le président de la République entame ce mercredi 15 décembre une visite de deux jours en Tunisie. En deux ans d’exercice, ce sera seulement la deuxième visite d’Etat qu’effectue Abdelmadjid Tebboune à l’étranger.
Depuis sa prestation de serment le 19 septembre 2019, le président Tebboune s’est très peu déplacé. Il s’est rendu le 20 janvier 2020 en Allemagne où il a participé à la conférence de Berlin sur la Libye, puis effectué une visite d’Etat en Arabie Saoudite, un mois plus tard. Entre fin 2020 et début 2021, il a aussi effectué deux séjours médicaux en Allemagne où il a été soigné suite à une infection au covid-19.
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En novembre dernier, il devait participer à la conférence de Paris sur la Libye, mais il a décliné l’invitation de son homologue français à cause de la crise entre les deux pays née des déclarations controversées faites le 30 septembre par Emmanuel Macron sur l’Algérie, ses dirigeants et son histoire. M. Tebboune s’est fait représenter à la conférence par le ministre des Affaires étrangères Ramtane Lamamra.
Cette visite présidentielle dans le pays voisin survient dans un contexte de regain de l’activité diplomatique de l’Algérie au plus haut niveau. Ces dernières semaines, deux chefs d’Etat étrangers ont été accueillis à Alger, le président italien Sergio Mattarella le 6 novembre, puis le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, le 5 décembre.
Le déplacement de M. Tebboune en Tunisie était très attendu. D’abord parce que les chefs d’Etat algériens et tunisiens réservent presque toujours l’une de leurs premières sorties à l’étranger au pays voisin.
Le président tunisien actuel, Kais Saied, n’a pas dérogé à la tradition en se rendant à Alger pour son déplacement à l’étranger en février 2020, quatre mois après son élection. Ses prédécesseurs Moncef El Marzouki et Beji Cais Essbsi en avaient fait de même.
Sans l’épisode de sa maladie, le président algérien n’aurait pas attendu deux ans pour effectuer sa première visite à Tunis. Les relations entre les deux pays sont en effet excellentes sous les présidents Kais et Tebboune, élus à deux mois d’intervalle.
Une solidarité active
L’Algérie a affiché sa solidarité et sa disponibilité à aider la Tunisie dans trois épreuves que cette dernière a traversées pendant cette période : la crise économique, la pandémie de covid-19 et la crise politique actuelle.
Lors de la visite de Kais Saied en février 2020, Abdelmadjid Tebboune a annoncé que l’Algérie va déposer de 150 millions de dollars à la Banque centrale tunisienne (BCT), à titre de garantie.
A la même occasion, des facilitations ont été décidées pour le paiement par la Tunisie de ses achats de carburants et de gaz algériens. A la veille du déplacement de M. Tebboune à Tunis, un autre geste d’ordre financier est annoncé : l’Algérie accorde un prêt de 300 millions de dollars à son voisin. L’annonce est contenue dans le dernier numéro du Journal officiel de la République tunisienne.
La crise du covid a été aussi l’occasion pour l’Algérie de démontrer que la solidarité avec son voisin n’était pas un vain slogan. Alors que le manque d’oxygène étouffait les hôpitaux tunisiens, plusieurs cargaisons de cette matière vitale ont été acheminées à partir de l’Algérie qui avait aussi envisagé de partager avec son voisin les quotas de vaccins anti-covid commandés auprès des laboratoires mondiaux.
Vis-à-vis de la crise politique interne engendrée par les décisions prises le 26 juillet dernier par président Saied, l’Algérie s’est gardée de s’immiscer dans les affaires de son voisin, auquel elle a néanmoins réitéré à plusieurs reprises son soutien.
Depuis l’été dernier, on ne compte plus les déplacements à Tunis du chef de la diplomatie algérienne Ramtane Lamamra, qui s’y rend aussi pour des consultations sur des dossiers régionaux, la Tunisie étant membre non permanent du Conseil de sécurité de l’ONU.
M. Tebboune devrait réaffirmer le soutien de l’Algérie à la Tunisie au cours de sa visite qui survient à fortiori au lendemain d’unenouvelle chargedes pays du G7 contre la politique que mène Kais Saied.
Le 10 décembre, les ambassadeurs à Tunis des Etats-Unis, du Royaume-Uni, de l’Allemagne, de la France, du Canada, du Japon, de l’Italie et de l’Union européenne ont appelé dans un communiqué conjoint au « respect des libertés » en Tunisie et plaidé pour « un processus politique inclusif et transparent » dans ce pays.