Politique

Tebboune et Chanegriha s’expriment dans le New York Times

Le chef d’état-major de l’Armée nationale populaire, le général de corps d’armée Saïd Chanegriha, a accordé une interview au journal américain New York Times dans le cadre d’un article sur la situation politique en Algérie, une première dans l’histoire de l’institution militaire algérienne.

« L’armée est neutre », a dit le général de corps d’armée Chanegriha, cité par le New York Times dans son article paru ce dimanche analysant comment l’espoir d’un renouveau politique s’est estompé en Algérie, un an après le début du soulèvement populaire contre le pouvoir.

« Comment voulez-vous que nous soyons impliqués en politique ? Nous ne sommes pas du tout formés pour cela », a affirmé le chef d’état-major, cité par la même source. C’est la première fois qu’un chef d’état-major algérien accorde une interview à un média étranger.

Selon le New York Times, l’interview de Saïd Chanegriha serait du fait du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, qui a également accordé un entretien de trois heures et demie au journal américain. « [M. Tebboune] a par la suite rendu disponibles les membres de son cabinet normalement réticents pour des interviews, allant même jusqu’à exiger que le chef d’état-major de l’armée – qui n’est jamais accessible aux médias – accepte d’être interviewé », relate le New York Times.

Le président Tebboune a soutenu durant son interview que le mouvement de contestation est terminé. « Reste-t-il quoi que ce soit du Hirak ? », a déclaré le président « avec dédain » durant l’interview, selon le Times.

« Nous construisons un nouveau modèle ici », a également affirmé le président Tebboune, rapporte le New York Times. « J’ai décidé d’aller très loin dans la création d’une nouvelle politique et d’une nouvelle économie », a affirmé en outre M. Tebboune, cité par le journal qui révèle par ailleurs que le président et le chef d’état-major affirment se réunir deux fois par semaine pour parler de la situation du pays.

« Si le président parle d’une Algérie nouvelle, il adopte le langage de son prédécesseur autocrate pour évoquer les dissidents », affirme le New York Times au sujet de la rhétorique du président.

Le journal américain note en particulier la manière avec laquelle Abdelmadjid Tebboune décrit Khaled Drareni, le journaliste arrêté, détenu et condamné après avoir été arrêté alors qu’il couvrait une marche à Alger en tant que journaliste.

Le New York Times décrit le président Tebboune comme ayant « fulminé » à l’évocation du cas de M. Drareni. « Il n’avait même pas de carte de presse », a déclaré le président. Le journal américain rapporte également que M. Tebboune a qualifié le journaliste d’être « un militant aux qualifications douteuses », tout en rappelant que Khaled Drareni a « interviewé M. Tebboune en personne, ainsi qu’Emmanuel Macron », l’actuel président de la France.

« La pandémie du coronavirus a mis fin aux manifestations et, depuis, le gouvernement joue au chat et à la souris avec ce qu’il reste du Hirak, arrêtant les uns et relâchant les autres », indique en outre le New York Times, soulignant que « des dizaines ont été arrêtés selon la CNLD ».

Au sujet de la pandémie du coronavirus, le journal américain a également fait état du fait qu’elle a sied avec le penchant insulaire du pouvoir, lui donnant un prétexte supplémentaire pour resserrer les frontières et interdire l’entrée aux étrangers. « Les résultats sont des taux d’infection et de mortalité bas, peu de porteurs de masque et une absence quasi-totale d’étrangers dans les rues à l’abandon du centre d’Alger », relate le New York Times.

« Puis au milieu sont les Algériens ordinaires sceptiques au sujet des promesses de renouveau de M. Tebboune et de sa nouvelle constitution, et découragés par la défaite du Hirak et en colère par l’emprisonnement de M. Drareni », rapporte le New York Times qui cite un citoyen du quartier de Belouizdad.

« Donc il y a un journaliste qui parle. Vous le mettez en prison et c’est supposé être ça la démocratie ? », s’insurge le citoyen. « Les citoyens en ont marre de toutes ces promesses. On ne peut pas s’attendre à des réformes de l’ancienne garde », estime-t-il. Avant de conclure : « L’Algérie cherche toujours la démocratie. »

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