Abdelmadjid Tebboune veut des excuses du Maroc et assure qu’« il n’y a pas d’esprit anti-français en Algérie ». « Nous ne pouvons effacer l’histoire, parfois douloureuse. Il n’y a pas d’esprit anti-français en Algérie mais parfois une réaction aux provocations de certains lobbys », a déclaré le candidat à la présidentielle dans un entretien au quotidien français L’Opinion publié dimanche.
L’ex-Premier ministre de Bouteflika juge toutefois « anormal que l’Algérie soit encore un sujet dans les élections locales françaises et que la France ait adopté une loi sur les bienfaits de la colonisation. »
Pour lui, l’amélioration de la relation « erratique » entre l’Algérie et la France passe par le règlement des « aspects mémoriels » et sur « lesquels les archivistes et les historiens devront travailler. Cela permettra d’apaiser le climat et de construire un nouveau partenariat stratégique ».
Outre la relation franco-algérienne, Tebboune s’est exprimé aussi sur les relations tendues avec le Maroc, en conditionnant la réouverture des frontières entre les deux pays par des excuses de la part du Royaume de Mohamed VI.
Le candidat commence d’abord par un rappel des faits. « Le président Zeroual a fermé la frontière terrestre en 1994 lorsque les Marocains ont expulsé 350 000 Algériens après les attentats de Marrakech et instauré un visa obligatoire pour nos ressortissants. Ils accusaient à tort l’Algérie d’être derrière ces attentats. Le Maroc a longtemps été dans le déni face à son terrorisme national. Plus de 5 000 Marocains sont pourtant allés rejoindre les groupes djihadistes au Moyen-Orient », a-t-il détaillé.
Et de lancer : « Si Rabat présente des excuses et s’engage publiquement à ne plus avoir ce comportement, on pourra rouvrir la frontière ».
Tebboune souligne que les peuples algérien et marocain « s’adorent ». Pour preuve, il affirme que « 350 000 Marocains travaillent chez nous, parfois même en situation irrégulière. »
Sur la présidentielle du 12 décembre, Tebboune dit que la moitié des électeurs y sont favorable. « Près de la moitié des électeurs y tiennent, 30% n’ont pas d’avis particulier et 20% y sont radicalement opposés », a-t-il précisé, sans dire comment il y a eu ces chiffres.
Pour lui, l’annulation du scrutin du 12 décembre pourrait faire basculer le pays dans la violence. « Quand on est démocrate, on accepte la tenue des élections. Si elles ne se tenaient pas, on prendrait le risque de re-basculer dans une longue période de transition. La dernière en date remonte à la décennie noire. Elle s’est traduite par le mort de 250 000 de nos compatriotes », met-il en garde.