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Tebboune hausse le ton : « Le blocage de l’économie est un crime »

Tebboune hausse le ton : « Le blocage de l’économie est un crime »

L’Algérie compte beaucoup sur l’apport de l’industrie dans la relance et la diversification de son économie. Mais les efforts consentis font face sur le terrain à des entraves intentionnelles qui obéissent à des calculs politiciens.

C’est le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, qui l’a laissé entendre ce samedi 4 décembre à l’ouverture de la conférence nationale de la relance de l’industrie, qui se poursuivra jusqu’à lundi.

L’industrie ne contribue actuellement au PIB qu’à hauteur de 5 ou 6% et l’objectif est de porter ce taux à 10% minimum, voire à 15%, selon le chef de l’Etat.

| Lire aussi :  Investissements : au moins 90 milliards de dollars dans les tiroirs de l’administration

Le renouvellement institutionnel parachevé, place à l’économie. « En 2022, il n’y aura que de l’économie et là, on verra qui marche avec nous et qui met les bâtons dans les roues », a déclaré Tebboune devant une assistance composées de hauts responsables de l’Etat, d’industriels, de responsables locaux de l’industrie, de walis et d’experts.

Revenant sur les étapes traversées par l’industrie algérienne, le président de la République a rappelé d’abord l’époque de « l’’industrialisation à outrance », notamment les industries lourdes (sidérurgie, textile, pétrochimie..).

« Il n’en reste pas grand-chose à cause de plusieurs crises financières, politiques et sécuritaires », déplore-t-il.

« Après le retour de l’opulence, est venue la période de la fausse industrie, appelée de manière caricaturale le gonflage de pneus, la fuite des capitaux vers l’étranger sous des dénominations différentes, et le montage au lieu de la fabrication », regrette-t-il encore.

Néanmoins, la situation actuelle « n’est pas une fatalité » et elle peut être redressée.

« Maintenant que la justice s’est prononcée, nous nous attelons à construire une industrie nationale véritable sur des bases rationnelles, une industrie qui sert l’intérêt  national et qui sera un affluent du développement national global et durable », indique Abdelmadjid Tebboune, qui se dit convaincu que l’Algérie peut relever ce défi.

Abdelmadjid Tebboune cite alors certaines actions concrètes qui devront être entreprises dans ce sens. L’urgence selon lui est de « lever les entraves » pour les usines existantes et surtout celles en cours de réalisation.

Les chiffres qu’il révèle donnent une idée de l’étendue du préjudice causé à l’industrie algérienne par les seules lourdeurs et tracasseries administratives. Il affirme avoir instruit le gouvernement de débloquer, avant la fin du mois en cours, 402 projets, tandis que 57 l’ont été dans un court laps de temps. Au niveau de l’ANDI, 581 dossiers étaient en attente, au 30 novembre dernier, de bénéficier des avantages prévus, dont 356 dossiers devraient être débloqués durant cette première semaine de décembre.

« Vous êtes perdants à ce jeu »

En novembre, le Premier ministre avait indiqué que les projets qui attendent l’aval du Conseil national de l’investissement (CNI) sont au nombre de 2500. Le montant total de ces investissements est d’au moins 90 milliards de dollars, sachant que seuls les projets de plus de 5 milliards de dinars nécessitent l’aval du CNI qui, pour rappel, ne s’est pas réuni depuis deux ans.

« Selon le rapport du ministre de l’Industrie, il y a des usines presque prêtes susceptibles de créer 75 000 emplois. Quel pays développé peut créer 75 000 emplois dans un laps de temps aussi court ? Cela veut dire qu’on ne veut pas employer les gens, on veut les laisser dans la forêt. Faites attention (trois fois). Certains diront que le président s’occupe des détails. Oui, les détails m’intéressent, parce que ce qui me préoccupe c’est le simple citoyen », s’emporte le chef de l’Etat, qui qualifie ce qui se passe d’ « inacceptable », de « crime contre l’économie nationale » et de « signe de grande d’échéance ».

« Parfois tout est prêt, sauf celui qui donne l’autorisation pour le début de la production. Des milliards de dollars ont été dépensés pour des usines pour qu’à la fin, un bureaucrate vient te dire comprend-toi, paye ! Tout marche avec la corruption », dénonce-t-il. « Si vous acceptez la corruption,  c’est que vous n’avez rien compris. Vous n’avez pas compris que l’Algérie a changé », ajoute-t-il.

 Pour lui, il ne s’agit pas pour les auteurs de ces blocages d’asseoir l’autorité de l’Etat, mais « c’est une entrave claire à la relance économique pour créer le maximum de problèmes et faire sortir les gens dans la rue » avec donc « des arrières pensées politiciennes ». « Vous êtes perdants à ce jeu », met-il en garde.

A l’adresse des fonctionnaires qui refusent de signer les autorisations par peur des poursuites judiciaires, Abdelmadjid Tebboune a réitéré les assurances qu’il a données à plusieurs reprises. « Ce sont ceux qui ont volé qui vont à El Harrach. Celui qui n’a pas volé, personne ne le touchera et nous sommes là pour protéger les cadres », assure-t-il.

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