Le président de la République Abdelmadjid Tebboune était mercredi 10 juillet à Tizi-Ouzou où il a inauguré et lancé plusieurs projets de développement. Sur place, le chef de l’État a évoqué le rôle de « Tajmaât », le mode d’organisation et de gestion des affaires locales propre à la région.
Tajmaât est un « exemple de démocratie participative et de modèle réussi en matière de gestion des affaires locales », a déclaré le président Tebboune dans une allocution prononcée devant des représentants de la population locale qu’il a rencontrés à la maison de la culture Mouloud-Mammeri au chef-lieu de wilaya.
Tajmaât est un « exemple de démocratie participative »
Ce mode de gestion est ancestral et il a toujours cours dans certains villages de Kabylie. Tous les hommes du village participent aux réunions de Tajmaât, généralement hebdomadaires ou mensuelles, prennent part aux débats et votent les décisions.
La gestion des affaires courantes du village est confiée à un comité restreint de notables représentant toutes les familles et élus par les citoyens. Tajmaât s’occupe de tout, du maintien de l’ordre à la conduite des projets d’intérêt général, en passant par la solidarité et l’organisation des funérailles.
Le comité tient une caisse financée par la contribution des habitants sous forme d’une sorte d’impôt forfaitaire, les donations ou les amendes infligées aux contrevenants aux lois.
Le budget ainsi constitué sert à financer les travaux d’intérêt commun comme l’entretien des chemins, des cimetières, des fontaines, des décharges publiques…
Les travaux ne sont pas exécutés par des entreprises de réalisation mais par les habitants eux-mêmes suivant un planning arrêté par le comité.
Tajmaât, une institution qui a fait ses preuves en Kabylie
En Kabylie, chaque village avait sa propre Tajmaât et ses propres lois qui s’appliquent sur son territoire qui englobe le centre d’habitation et les champs. Ce mode d’organisation a permis aux villages de Kabylie de garder leur autonomie vis-à-vis de l’administration et de la justice du temps de la colonisation française.
Car l’autre rôle principal de Tajmaât était de régler les litiges entre les citoyens, y compris les conflits familiaux. Ses décisions étaient acceptées de tous car le refus d’exécuter les sentences consensuelles pouvait coûter cher, jusqu’au bannissement.
Aujourd’hui encore, Tajmaât existe encore dans de nombreux villages de Kabylie, avec toutefois de nouvelles attributions et un autre fonctionnement. Il s’agit généralement d’un comité de village élu par les habitants et qui a comme fonction de coordonner avec les autorités locales, notamment la commune, pour la conduite des travaux de développement.
Tebboune n’écarte pas la création de nouvelles wilayas à Tizi-Ouzou
Pendant des siècles, Tajmaât a fait ses preuves en matière de démocratie participative et de préservation de l’ordre, de la santé publique et de la justice. Depuis l’indépendance, elle a laissé peu à peu place à l’administration. Les villages de Kabylie sont aujourd’hui gérés suivant le mode de gestion administrative qui a cours dans le pays.
"Après plus de 60 ans d’indépendance, il est temps de mettre en place une organisation adaptée pour l’avenir du pays », a déclaré le président Tebboune à Tizi-Ouzou, indiquant que pour ancrer la démocratie au niveau local, le redécoupage administratif et la révision des codes communal et de wilaya constituent « une priorité absolue ».
Le chef de l’État n’a pas exclu, « si les circonstances l’exigent", la création de nouvelles wilayas à Tizi Ouzou comme l’État l’a fait dans les Hauts Plateaux et le sud du pays.