Le président Abdelmadjid Tebboune s’est exprimé ce mardi lors de la rencontre entre le gouvernement et les walis sur plusieurs questions liées au développement local et a abordé le hashtag « manich radi » lancé récemment par des activités marocains contre l’Algérie.
C’est la quatrième rencontre gouvernement-walis en présence de Abdelmadjid Tebboune. La régularité de la présence du président de la République à l’ouverture de la rencontre depuis cinq ans marque la place qu’il accorde à ce corps de commis de l’Etat, et à travers eux des collectivités locales, dans la conduite du processus global des réformes et la dynamique de développement.
Le président Tebboune a reconnu que les collectivités locales n’ont ni de gros moyens ni les prérogatives suffisantes et a promis d’y remédier.
La rencontre de cette année, qui se tient pendant deux jours, les 24 et 25 décembre au Palais des nations de Club des pins, est placée sous le thème : «Les collectivités locales, locomotive du développement national ».
Plus de prérogatives aux collectivités locales
Pendant plus d’une heure, le chef de l’Etat a réitéré ses instructions aux walis, appelés à œuvrer pour concrétiser le but ultime d’améliorer le niveau de vie du citoyen, à travers la bonne gouvernance, la facilitation de l’investissement, la création de l’emploi, l’écoute des administrés et la numérisation.
Rappelant que l’Etat a mis en place de « nouveaux repères de la gouvernance locale », le président a appelé les walis à « continuer à ancrer les modèles de bonne gouvernance ».
En connaissance de cause, pour avoir été lui-même wali, Abdelmadjid Tebboune a qualifié les collectivités locales de« tangente entre le peuple et l’Etat » et de « socle de l’Etat ».
Plus de 62 ans après l’indépendance, il est temps de « revoir en profondeur » les choses concernant le fonctionnement de l’administration locale, a-t-il estimé.
Et c’est ce à quoi s’attelle la commission d’experts mise en place pour élaborer de nouveaux codes pour la commune et la wilaya. Les textes à venir, a-t-il assuré, permettront d’asseoir des institutions locales réellement démocratiques, avec plus de moyens et plus des prérogatives aux élus locaux.
Beaucoup de choses devraient en effet changer. Selon le président de la République, les communes seront désormais classées suivant leur taille et leurs ressources, afin de faire en sorte que l’aide de l’Etat aille en priorité aux localités déshéritées.
Le président a jugé anormal que le fonctionnement des écoles primaires par exemple soit à la charge des communes, sans contrepartie financière de l’Etat.
Après les codes communal et de wilaya, ce sera au système fiscal d’être revu afin de permettre aux collectivité locales de garder une part plus conséquente de la fiscalité.
« Nous allons ouvrir le chantier du partage des impôts entre l’Etat et les collectivités locales », a-t-il annoncé, ajoutant que toutes ces réformes devraient aboutir à « une plateforme juridique flexible qui facilite l’initiative ».
Au chapitre de l’élargissement des prérogatives, le président Tebboune a plaidé pour faire participer les APW (assemblées populaires de wilaya) à la gestion et de faire de leurs présidents des « gestionnaires » et des « ordonnateurs » dans certains segments de la gestion locale.
L’emploi, priorité absolue des wilayas et des communes
Toutes les communes, quel que soit leur taille et leur vocation, sont appelées à participer à l’effort de développement et de création d’emploi.
Le président a suggéré la réactivation de certains mécanismes et d’en introduire de nouveaux, comme la possibilité d’emprunter auprès des banques, le lancement de projets communs dans le cadre de syndicats intercommunaux ou encore la concession au privé de certains services publics.
Il y aura aussi l’actualisation des plans sectoriels, le retour aux PCD (plans communaux de développement) et la décentralisation va se poursuivre avec la création de nouvelles wilayas.
En attendant le nouveau découpage administratif, qui est une prérogative du Conseil de la nation, il y aura des wilayas déléguées avec des prérogatives plus larges, a promis le chef de l’Etat.
Il y a cinq ans, lors de sa toute première rencontre avec les walis, Abdelmadjid Tebboune avait lancé le chantier de l’éradication des « zones d’ombre ».
Faisant une sorte de bilan de cette opération, il s’est dit globalement satisfait, la majorité des walis ayant atteint les objectifs fixés, permettant à 6,5 millions de citoyens de vivre dans des conditions désormais décentes.
« Il n’y a que l’Algérie qui peut le faire, car c’est un Etat démocratique et populaire. C’est une erreur de nous comparer aux autres Etas. Non pas que nous sommes meilleurs, mais notre pays ne ressemble à aucun autre », a-t-il déclaré.
Le souci premier de l’Etat est d’améliorer les conditions de vie des citoyens et le président a dit son regret d’avoir dû mettre fin fonctions de certains responsables qui ont failli dans ce registre. « Nous sommes au service du peuple, ce n’est pas le peuple qui à notre service », a-t-il assuré, appelant à poursuivre les efforts dans ce sens.
« Nous protégerons ce pays dont le peuple a le sang des martyrs qui coule dans les veines. Que tout le monde soit rassuré, l’Algérie ne peut-être une proie à un hashtag », a-t-il dit, en réaction à la campagne hostile lancée il y a quelques jours par des activités marocains sur les réseaux sociaux.
Avec le hashtag « manich radi », (je ne suis pas satisfait), ces activités ont tenté de se faire passer pour des Algériens, mais ils ont été démasqués par des influenceurs algériens qui ont contretattaque avec la campagne « J’aime mon pays ».
Les gouverneurs ont été invités à achever la construction des façades des bâtiments inachevés et à trouver des formules juridiques pour financer l’achèvement des bâtiments citoyens.
Tebboune aux walis : « Vous êtes protégés, l’erreur administrative est acceptable »
« La relance économique demeure un défi que nous devons relever », a insisté le président Tebboune auprès des walis, appelés à encourager l’investissement et à lever les entraves, malgré les tentatives de blocage des « résidus de la Issaba » et de leurs « relais ».
« Vous êtes protégés, l’erreur administrative est acceptable », a-t-il réitéré aux walis, leur rappelant leur principal souci doit être la création d’emploi.
En 2025, il y aura des bilans de création d’emplois dans chaque wilaya et il y aura une sorte de « compétition », a-t-il fait savoir, insistant sur le fait que « tout ce qui peut contribuer à la création d’emploi dans la wilaya est le bienvenu ».
L’approvisionnement en eau potable est l’autre priorité sur laquelle s’est attardé le président Tebboune, invitant les walis à se mobiliser, « sans attendre la pression de la rue » pour prendre en charge les insuffisances constatées dans le secteur.
Une grande partie du déficit devrait être résorbé avec l’entrée en service, avant le prochain mois de ramadhan, de cinq nouvelles stations de dessalement d’une capacité quotidienne 300 000 mètres cubes, a-t-il annoncé.
Ces stations sont achevées à 90% et avec la couverture d’une bande de 150 kilomètres à partir de la côte, l’Algérie aura réduit le stress hydrique de 70%. « Nous sommes un pays de défis », a-t-il insisté.
Appelant les responsables locaux à être à l’écoute des citoyens, et notamment des jeunes, le président s’est félicité du retour de « la flamme patriotique » chez la jeunesse algérienne, qui va « jusqu’au chauvinisme ».
Annonçant la poursuite des réformes entamée il y a cinq ans, Tebboune a souligné qu’ « en deux mandats, nous aurons mis fin aux dérapages, au seul service du pays et du citoyen ».