Le président Abdelmadjid Tebboune, a assuré vendredi que « rien ne se fera en Libye nous nous », et révélé que l’Algérie était sur le point de résoudre la crise libyenne.
« Nous sommes en faveur de la légitimité populaire en Libye et nous souhaitons que la solution soit libo-libyenne », a déclaré le chef de l’État au cours d’un entretien avec les responsables de quatre médias nationaux, diffusé vendredi soir sur l’ENTV.
Évoquant la poursuite des combats en Libye, notamment en ce mois sacré de Ramadan, le chef de l’État a déploré le fait que « nos frères en Libye s’entretuent et l’effusion du sang libyen continue sans que personne ne se soucie de la pandémie du Coronavirus ( ), s’interrogeant « pourquoi tout cela, pour le pouvoir ? Et où est l’État libyen ? ».
« La Libye est l’un des plus riches pays de l’Afrique du nord et du continent africain », a-t-il rappelé. « Nous connaissons, en tant qu’Algériens, l’amertume d’une telle situation, nous avons vécu l’effusion du sang algérien et nous ne souhaitons pas cela à nos frères libyens », a-t-il dit, en mettant en garde contre la poursuite de la guerre en Libye sur les pays voisins.
Se disant inquiet quant aux « très mauvais signes » dans ce pays, M. Tebboune a averti que « si le feu n’est pas éteint, il ravagera toute la Libye, les pays voisins et non voisins ».
« La Libye est à quelques kilomètres de l’Italie, c’est pourquoi ce pays partage notre vision à cent pour cent », a-t-il précisé à ce propos.
M. Tebboune a réaffirmé la neutralité de l’Algérie dans la crise libyenne. « On ne soutient aucune partie », a-t-il dit, en assurant que « les solutions existent et je les ai exposées aux envoyés spéciaux des présidents qui ont fait le déplacement à Alger ».
« La solution c’est un Conseil national provisoire et une Armée nationale provisoire pour constituer un Gouvernement provisoire pour ensuite entrer dans la légitimité électorale », a dévoilé M. Tebboune.
« Nous étions très proches d’une solution à la crise libyenne, mais on ne nous a pas laissé faire », a-t-il regretté en ajoutant : » car pour certains si l’Algérie parvenait à régler la crise libyenne cela la propulserait au-devant de la scène internationale et serait alors un pays +dangereux+, en sus d’autres calculs géopolitiques ».
Poursuivant, il a évoqué le véto des États-Unis à la désignation Ramtane Lamamra en tant qu’envoyé spécial du SG de l’ONU pour la Libye. « Cela aurait pu favoriser un règlement de la crise libyenne », a-t-il déploré.
Les tribus libyennes favorables toutes à une solution algérienne
« L’Algérie n’avait aucune arrière-pensée économique ou géopolitique et ne recherchait ni influence ni autre chose », a insisté M. Tebboune. « Nous n’avons fait entrer aucune balle en Libye mais plutôt des aides et des médicaments », a-t-il poursuivi.
Pour lui, la crise libyenne ne sera pas résolue par les armes. « L’histoire finira par s’imposer car aucune crise n’a été résolue par les armes et tout le monde finit par se retrouver autour de la même table, alors autant le faire maintenant que plus tard en Libye », a-t-il soutenu, en révélant que toutes les tribus libyennes sont favorables à une solution algérienne.
Déplorant « les graves dérives » en Libye, le chef de l’État a réitéré que « l’Algérie n’abandonnera pas ce pays », assurant que « de par notre intégrité et notre impartialité, nous sommes en mesure de solutionner le problème libyen ».
« La médiation algérienne est sollicitée partout » dans le monde, a-t-il ajouté, en s’étonnant que « 3000 tonnes d’armes ont été introduits en Libye deux mois après la conférence de Berlin. »
Le président de la république s’est interrogé « si c’est la stabilité de la Libye qui n’est pas souhaitée ou si c’est l’Algérie qui est ciblée ? ».
« Qu’on laisse les Libyens régler leur problème et nous sommes disposés à les aider… C’est vrai que notre doctrine est que notre Armée ne sort pas au-delà des frontières mais techniquement, nous pouvons apporter aide et assistance, notamment en matière d’organisation », a-t-il proposé.