Première conférence de presse de Abdelmadjid Tebboune après son élection. Le nouveau président de la République a commencé par rassurer tout le monde qu’il n’est pas animé par une envie de vengeance ou de règlement de comptes et qu’il est, au contraire, venu en rassembleur.
Aussi, il dit tendre la main au hirak. « Ceux qui ont boycotté l’élection, je les salue et je respecte leur position. J’ai toujours dit que je serai aux côtés des jeunes, et à travers eux, je m’adresse au hirak. J’ai déjà dit que c’est un hirak béni, je lui tends la main pour un dialogue sérieux pour l’Algérie, l’Algérie seulement. C’est de ce hirak que sont sortis les mécanismes du dialogue et l’autorité électorale », a affirmé Tebboune.
« Il faut un dialogue avec le hirak directement, avec ceux qu’il choisit. Le hirak doit comprendre qu’il n’y aura pas de continuité du cinquième mandat et ses pratiques », a-t-il insisté.
Tebboune a aussi rendu hommage à l’ANP et son commandement, citant nommément le général Ahmed Gaid Salah, ainsi que les forces de l’ordre, qui ont « accompagné les événements avec sagesse et grâce auxquels pas une seul goutte de sang n’a été versée en dix mois, en dépit des plans de ceux qui ont voulu détruire l’État algérien et le rêve des chouahada de bâtir un État novembriste, nettoyé de l’argent sale ».
« Je me suis engagé à ce que le peuple sente que je suis sincère, et il faut qu’il le sente », dit-il. Parmi ses priorités, un changement « profond de la Constitution très bientôt ».
« Les universitaires et les intellectuels seront conviés, il y aura ensuite un large débat dans la société puis référendum et dès que le texte sera adopté, ce sera le début de la nouvelle république », a-t-il expliqué.
Le changement de la loi électorale sera le deuxième chantier du nouveau président. « La loi actuelle ne fait pas en sorte qu’on dispose d’institutions crédibles. Il faudra séparer définitivement l’argent des élections », estime-t-il.
Toujours au plan politique, le nouveau président n’a pas dit clairement quel sort sera réservé à l’actuel Parlement ni au gouvernement en exercice, promettant seulement qu’il y aura des surprises avec des postes ministériels pour les jeunes. Il ne créera pas de parti politique, mais il n’a pas dit sur quelles forces politiques il compte s’appuyer pour exécuter son programme.
Parmi ses autres priorités, l’économie. « On va bientôt mettre en place des mécanismes pour préserver l’argent de l’État, comme le contrôle de l’importation. Cela dit, on ne va pas priver les Algériens de leurs besoins. Le problème c’est dans la surfacturation, on peut gagner au moins 20 ou 25% de la facture. Il y a d’autres mesures pour les impôts, je ne suis pas en train de faire peur, j’essaye de redresser », a-t-il expliqué.
À propos d’argent sale, le président élu a réitéré sa volonté de continuer à le combattre tout en rassurant les « hommes d’affaires honnêtes, créateurs de richesse et d’emploi, qu’ils continueront d’être une partie intégrante de l’Algérie nouvelle ».
Tout en promettant la poursuite de la traque de la issaba, Tebboune s’est aussi engagé à réparer les injustices qu’elle a commises qu’elles soient judiciaires ou administratives.
Il n’y aura pas de grâce pour les crimes de corruption, a-t-il tranché, laissant la porte ouverte à la possibilité de libérer ceux qui relèvent de questions « sociales ou politiques », en allusion sans doute aux détenus du hirak.
Au président français qui lui avait conseillé plus tôt dans la journée de dialoguer avec le peuple, Tebboune a refusé de répondre. « Je ne lui réponds pas. Il est libre de vendre la marchandise qu’il veut dans son pays, mais moi j’ai été élu par le peuple algérien et je ne reconnais que le peuple algérien », s’est contenté de dire le président fraîchement élu.
Enfin, Tebboune a affirmé être “impatient” de visiter Bejaia et Tizi Ouzou, deux wilayas qui n’ont pas voté à la présidentielle.