Ali Fodil, PDG du groupe Echorouk affirme avoir été interpellé par les services de renseignements relevant du centre Antar à Alger en raison de ses propos sur Said Bouteflika, conseiller du président de la République.
Il revient pour TSA sur les conditions de son interpellation qui a suscité de vives réactions.
« Ce jeudi matin, vers 10h, je me dirigeais vers le siège du groupe Echorouk, à Jolie Vue. En cours de route, trois véhicules banalisés ont braqué ma voiture à la manière hollywoodienne, sur l’autoroute entre Ben Aknoun et Dar El Beida, au niveau de la bretelle menant à Kouba. Des hommes armés, en civil, m’ont demandé de descendre de ma voiture. J’ai refusé. Ils m’ont dit alors qu’ils sont des agents des services secrets du centre Antar qui dépend du général Bachir Tartag. Ils m’ont expliqué que je devais les suivre pour une enquête. Ils m’ont mis les menottes pour m’installer dans un autre véhicule. Ils m’ont assuré qu’ils se chargent de ma voiture. Au niveau du Centre Antar, j’ai été bien accueilli. Ce n’était pas un interrogatoire, mais une discussion qui a duré plus d’une heure dans le respect. J’ai été libéré ensuite après l’élan de solidarité autour de ma personne. L’affaire a pris une ampleur internationale », a-t-il détaillé.
Durant l’échange avec les officiers de l’ex-DRS, des questions ont été posées sur l’intervention du PDG d’Echorouk, cette semaine, sur Said Bouteflika. Ils l’ont également interrogé sur un sujet, diffusé mercredi soir par Echorouk News, sur plusieurs hommes d’affaires dont Ali Haddad, Réda Kouninef et Mahieddine Tahkout qui auraient bénéficié de nombreux crédits bancaires de banques publiques sans les rembourser.
« Ils m’ont dit que nous étions en train d’attiser le feu dans le pays. J’ai maintenu mes propos sur Said Bouteflika. À l’antenne, j’ai dit que cet homme se comportait d’une manière illégale et anticonstitionnelle et décide comme s’il était le véritable chef de l’État alors qu’il n’a pas cette qualité. Ceux qui m’ont interrogé doivent théoriquement obéir au code et au droit militaires. Ils dépendent du ministère de la Défense nationale. Le chef d’état-major de l’armée, le général de corps d’armée Ahmed Gaid Salah est intervenu et il a dit que cette affaire est illégale puisqu’aucune plainte n’a été déposée par une juridiction clairement identifiée. Cela est un bon signe et prouve que l’institution militaire entend, par cette manière d’agir, construire une société civile », a ajouté Ali Fodil.
Il annonce vouloir déposer plainte contre « la partie » qui a ordonné son interpellation. « Ce qui est sûr, c’est que nous n’allons pas faire marche arrière dans notre dénonciation de la corruption. Nous allons continuer à faire notre travail. Ce qui m’est arrivé nous donne plus de détermination. Nous mesurons parfaitement la nécessité de sauvegarder les intérêts supérieurs de l’État et nous sommes conscients des spécificités et la sensibilité de la période actuelle. Personne ne peut nous donner des leçons de patriotisme. Lutter contre la corruption est un devoir patriotique. Nous ne devons pas nous taire lorsqu’on voit que notre pays est en train de s’effondrer à cause de leurs pratiques », conclut Ali Fodil.