Consommation

Tensions sur l’huile de table et le poulet : l’étrange silence du gouvernement

A moins d’un mois du Ramadan, la tension augmente sur certains produits alimentaires qui connaissent des hausses de prix en Algérie. Depuis quelques jours, un produit fait particulièrement parler de lui : l’huile de table.

Dans les magasins et les grandes surfaces, c’est la ruée. En dépit d’une production abondante, l’huile de table se fait rare dans les magasins, alors que le gouvernement observe un silence étrange.

« Ce qu’il faut savoir c’est qu’il n’y a pas de pénurie en huile de table. Tant au niveau des fabricants que dans le réseau de stockage, l’huile est disponible. La matière première est également disponible chez les producteurs. Ce qu’il y a c’est que certains opérateurs n’ont pas voulu la distribuer ou la vendre, surtout après la décision d’imposer la facturation. C’est l’obligation de facturation qui a fait que les commerçants et les distributeurs refusent de vendre l’huile de table », expliquait, le 18 mars dernier sur TSA, le président de l’Association des commerçants et artisans algériens (ANCA), Hadj-Tahar Boulenouar.

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L’éternel problème de facturation

A l’origine des tensions sur l’huile de table, le refus des commerçants de travailler avec la facture. Selon nos informations, c’est le ministère du Commerce qui veut imposer la facture dans les transactions commerciales, notamment la vente de l’huile de table.

En réponse, les commerçants ont décidé de bouder la vente de ce produit de large consommation. L’huile de table est un produit d’appel chez les commerçants. Les marges bénéficiaires sont insignifiantes. Des contrôles sur la facturation ont été opérés, ce qui a poussé les commerçants grossistes et détaillants à bouder le produit.

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Au lieu d’engager une véritable réforme fiscale, le gouvernement, qui observe un silence étrange face aux tensions récurrentes sur les produits alimentaires, se contente de mesurettes.

Du côté des rayons des légumes, les hausses sont également perceptibles : la courge et la tomate à 100 DA le kilogramme, la pomme de terre à plus de 60 DA le kilo, les oranges à 170 DA/kg, pour ne citer que ces produits, connaissent un renchérissement par rapport à un mois de cela.

Les pâtes alimentaires sont également touchées par une hausse des prix. Les viandes ne sont pas en reste : 1 500 DA/kg pour la viande ovine, 1 300 DA/kg pour la viande bovine. Mais c’est surtout le prix du poulet qui bat des records ces temps-ci avec 410 DA/kg.

Le président de l’Association des commerçants et artisans tente une explication à cette hausse soudaine des prix de volaille. Selon lui, les éleveurs réduisent leur production à la veille du mois de carême et se concentrent sur l’élevage des poussins. Ces derniers prendront du volume avec le début du ramadan. Quant à la sardine, elle aussi est inaccessible avec des prix choquants : jusqu’à 1 300 DA/kg.

Autant dire qu’il y a peu d’alternatives pour les ménages. Les fruits, comme l’orange et la banane, connaissent eux aussi une forte hausse : une moyenne de 160 DA/kilo d’oranges et jusqu’à 270 DA pour un kilogramme de banane.

La veille du Ramadan s’annonce donc sous le signe du renchérissement des prix. Rien d’anormal, diront les ménages habitués à ces pratiques spéculatives à l’approche du mois de jeûne.

Les pouvoirs publics affirment à chaque fois qu’ils mettront fin à la spéculation et les spéculateurs, sans que ces remontrances agrémentées de menaces soient concrètement traduites sur le terrain.

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Sollicité pour avoir son point de vue sur ces hausses des prix à la veille d’un mois où la consommation bat des records, le président de l’Apoce, Mustapha Zebdi, estimait dans une précédente déclaration à TSA qu’il était « trop tôt » pour tirer une conclusion entre la hausse des prix de certains produits de large consommation (pâtes, fruits et légumes…) et la spéculation qui précède le Ramadan.

« À dix jours ou une semaine du début du mois de carême, on a l’habitude de constater habituellement une hausse des prix de certains produits tels que les fruits secs, les dérivés des pâtes (fric), les viandes, etc. Actuellement, il est précoce d’établir un lien de cause à effet », relève le président de l’Apoce.

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Campagnes de boycott

Selon Hadj-Tahar Boulenouar, à l’exception de la première semaine du mois de Ramadan, une période qui connait un renchérissement des prix en raison de la ruée sur les différents produits, les prix commenceront à baisser à partir de la deuxième semaine.

M. Boulenouar assure que les acteurs des différentes filières agricoles se préparent en prévision du Ramadan, affirmant qu’il n’y aura pas de pénurie sur les produits alimentaires, que ce soit les viandes, les fruits et légumes, les céréales ou les dérivés des pâtes…

« À l’Anca, nous sommes en contact avec les offices interprofessionnels (lait, fruits et légumes, céréales) et tous nous ont assuré qu’ils sont en train de renforcer leurs stocks », nous avait-il d’ailleurs certifié.

Pris en tenaille, les consommateurs algériens, encouragés il est vrai par l’association Apoce, ont lancé un peu partout dans le pays des appels au boycott notamment du poulet. « Le prix de la volaille au consommateur devrait se stabiliser, dans les prochains jours, autour de 320 dinars le kilogramme », a assuré hier dimanche, Mohamed Kharroubi, directeur général de l’Office national interprofessionnel des légumes et des viandes (Onilev), sur la Radio nationale.

M. Kharroubi a expliqué la hausse du prix du poulet en Algérie par le renchérissement des prix du maïs et du soja sur le marché mondial. « Depuis le mois de décembre, nous assistons à une flambée des prix du maïs et du soja sur le marché international. Fin janvier, il y avait une rupture d’approvisionnement en maïs. Ajouté à cela, la suppression de la TVA sur le maïs qui a fait augmenter les prix, ce qui a conduit les éleveurs à réduire les mises en place de poussins », a-t-il dit.

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