La France ne s’intéresse pas qu’au gaz algérien. Les terres rares, dont l’Algérie dispose d’importantes réserves, étaient aussi au menu de la récente visite du président français en Algérie.
La visite de trois jours (25-27 août) a scellé la réconciliation entre les deux pays après plusieurs mois de brouille. Elle a été qualifiée de « très réussie », et pas que sur le plan politique.
| Lire aussi : Gaz algérien : l’extrême droite française face à ses contradictions
Sur le plan économique, la question lancinante du gaz, qui fait l’objet de tensions dans le monde depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine, s’est logiquement invitée dans la visite.
Même si le président français Emmanuel Macron a expliqué à Alger que les quantités de gaz livrées par l’Algérie à la France n’étaient pas de nature à changer la donne (8% des importations françaises qui, elles, ne représentent que 20% du mix énergétique du pays), les compagnies des deux pays, Sonatrach et Engie, ont entamé immédiatement après la visite des négociations sur des contrats de long terme.
Selon la presse française, l’Algérie envisagerait de doubler ses livraisons de gaz à la France.
Celle-ci est aussi intéressée, toujours selon les médias hexagonaux, par l’exploitation des terres rares en Algérie qui elles, font l’objet de convoitises chroniques dans le monde, étant rares par définition et indispensables à de nombreuses industries de pointe.
Dans la déclaration d’Alger signée à l’issue de la visite, il en est d’ailleurs directement fait mention.
« (…) elles (l’Algérie et la France) entendent favoriser une relance de leurs échanges économiques et encourager le développement des partenariats entre leurs entreprises ainsi que la recherche pour l’innovation. Ces efforts porteront en priorité sur les secteurs d’avenir : le numérique, les énergies renouvelables, les métaux rares, la santé, l’agriculture et le tourisme », est-il indiqué dans le chapitre relatif à au partenariat économique.
Les intérêts des deux pays se rencontrent précisément sur cette question des terres rares. L’Algérie espère tirer profit de cette richesse inexploitée.
20% des réserves mondiales ?
Six mois après son élection, et alors que les prix du pétrole étaient au plus bas à cause de la crise sanitaire mondiale, le président Abdelmadjid Tebboune a ordonné lors d’un conseil des ministres tenu en juillet 2020, d’ « établir immédiatement la carte géologique de tous les gisements exploitables en terres rares, en tungstène, en phosphates, en barite et autres matériaux ».
Cette nouvelle orientation est aussi mise en œuvre. En juillet dernier, le méga gisement de fer de Gara Djebilet, près de Tindouf, est entré en exploitation.
En France, rappelle le quotidien de L’Opinion, la sonnette d’alarme a été tirée en janvier dernier par l’industriel Philippe Varin qui a préconisé dans un rapport au président Macron des mesures pour sécuriser l’approvisionnement de l’industrie française en matières premières minérales.
L’industrie des terres rares dans le monde est actuellement dominée par la Chine qui, par exemple, a pris 40% du contrôle des chaînes de valeurs pour les métaux nécessaires à la fabrication de batteries, en Afrique et ailleurs, a indiqué Varin. Celui-ci suggère alors aux autorités de son pays de mettre en place une « diplomatie des métaux ».
Selon les prévisions reprises par L’Opinion, la France et l’Europe devront importer à l’horizon 2030 entre 70 et 80% de leurs besoins en « métaux de la transition », c’est-à-dire le nickel, le cobalt, le lithium, l’aluminium, le manganèse, le cuivre et les terres rares, dont ne peuvent se passer les industries de pointe dans l’aéronautique, l’automobile, la défense, les télécommunications et les industries spatiales.
L’Algérie dispose de grandes capacités pour couvrir une partie de la demande. Selon la même source, citant des chercheurs, le Sahara algérien abriterait jusqu’à 20% des réserves mondiales de terres rares.
Selon le même journal, l’exploitation des métaux rares a été évoquée à deux reprises par le ministre algérien de l’Energie, Mohamed Arkab, avec des politiques français.
D’abord avec Arnaud Montebourg, ancien ministre de l’Economie et actuel président de l’association France – Algérie puis avec Bruno Le Maire, ministre de l’Economie.
Un membre de la délégation ayant accompagné le président français a fait part de l’intérêt de la partie algérienne pour le projet, tandis que le directeur général du Medef International, Philippe Gautier, a confirmé celui des industriels de son pays, indiquant que « les groupes français s’intéressent aux métaux rares en Algérie ».