Le sommet des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union africaine a décidé dimanche 6 février de geler l’admission d’Israël en tant que membre observateur de l’organisation continentale.
Elle constitue un revers diplomatique pour Israël et son nouvel allié, le Maroc. Mais l’adhésion d’Israël en tant que pays observateur au sein de l’UA s’est heurtée à l’opposition farouche de pays comme l’Algérie et l’Afrique du sud.
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S’exprimant ce lundi 7 février sur la Chaîne III de la Radio algérienne, Abdelaziz Rahabi, ex-ambassadeur d’Algérie à Madrid, a analysé la décision du sommet de l’Union africaine (UA).
Selon lui, elle vise trois objectifs. Le premier, a expliqué le diplomate algérien, c’est d’éviter qu’il y ait un vote au sein de l’UA sur cette question.
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« Le vote veut dire rupture de consensus, division de l’UA en deux blocs, les pour et les contre », a expliqué l’ancien ministre de la Communication. Deuxièmement, la décision du sommet de l’UA permet de clarifier les attributions du président de la Commission africaine Moussa Faki, qui a pris seul l’initiative de désigner Israël comme pays observateur de l’UA.
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Le président de la Commission africaine n’a pas le droit de prendre des décisions sans consulter les Etats membres, a-t-il encore précisé. « Le troisième objectif c’est de faire revenir l’UA à sa vocation première : le parachèvement de la décolonisation et la lutte pour les indépendances », a affirmé Abdelaziz Rahabi, rappelant que la lutte de l’Algérie pour son indépendance a été aussi portée par l’UA.
Dans cet esprit, Abdelaziz Rahabi a affirmé que le processus de décolonisation de l’Afrique, entamé à partir des années 1960, s’est achevé avec la fin de l’Apartheid en Afrique du sud. « Il reste à la parachever avec (la décolonisation) du Sahara occidental », a-t-il ajouté.
« Israël est l’un des instruments des Etats-Unis en Afrique »
Rahabi est revenu sur l’alliance qu’a nouée le Maroc avec Israël estimant qu’elle ne représentait pas une menace pour l’Algérie. « Je ne pense pas que l’Algérie soit menacée par ce type d’alliance », a-t-il déclaré. « L’Algérie doit être forte de ses propositions, du soutien et de l’adhésion de son peuple à sa politique étrangère et sa politique de défense nationale. Je n’ai pas le sentiment que nous devons où nous sommes en train de faire une fixation sur cette question », a-t-il expliqué.
Pour Rahabi, « il ne faut pas faire dévier l’Union africaine de ses missions essentielles ». « La seule façon de participer au règlement du conflit israélo-palestinien, qui est au centre de tous les problèmes (…) Ce n’est pas un problème racial, ni religieux, c’est culturel et civilisationnel. Il y a un sérieux problème au Moyen-Orient qui empoisonne les relations internationales. La solution a été proposée par l’initiative arabe de paix de 2022 », a-t-il soutenu.
Selon Rahabi, Israël participe à une stratégie globale occidentale et représente « un des outils de pénétration de la politique américaine en Afrique ».
« Il ne faut pas que les Occidentaux nous transforment comme le sas »
Israël participe aussi à la politique des occidentaux visant à contenir l’influence de la Chine et de la Russie en Afrique. « Israël n’est pas seul en Afrique. Il a des soutiens européens, américains mais également locaux », a ajouté Rahabi, en remarquant que plus de 45 pays africains entretiennent des relations avec Israël.
Sur la lutte contre le terrorisme au Sahel, Abdelaziz Rahabi a estimé que la situation au Mali est la conséquence de la guerre en Libye. « Les guerres irrégulières ont leur propre dynamique de mouvement. Le terrorisme est passé d’Afghanistan au Moyen-Orient pour arriver chez nous. Les Occidentaux ont réussi à le bloquer chez nous. Les conflits se déplacent selon les fragilités internes », a-t-il expliqué, en mettant en garde contre la « pakistanisation » de l’Algérie.
« Il est avéré que c’est une intervention militaire française, soutenue par deux ou trois pays, qui a produit ce qui se passe en Libye. Il est avéré aussi que ce qui s’est passé au Mali à partir de décembre 2011 est le résultat du conflit en Libye », a soutenu Rahabi, en soulignant que « l’essentiel est qu’il n’y ait pas de terrorisme au sud de l’Algérie. » « Il ne faut pas que les Occidentaux nous transforment comme le sas, une sorte de pakistanisation de l’Algérie, comme cela a été le cas avec le Pakistan qui devait servir de sas de sécurité en Afghanistan pour le reste de la région », a-t-il mis en garde.